Jamais avare d’explications, Robin Proper-Sheppard a pris sa plume (bavarde) pour écrire ce matin à ses fans. Le chanteur de Sophia qui avait lâché, après plusieurs reports, son nouvel album, le remarquable Holding On/Letting go, a vu les perspectives de concerts et de tournées s’éloigner avec l’allongement de la crise.
Privé des rentrées d’argent liées aux concerts, désormais principale source de revenus des artistes indé, Proper-Sheppard, comme beaucoup d’artistes de ce gabarit (Petit et Moyen Artisan), tire le diable par la queue. La situation et ses conclusions sont partagées par d’autres : même actifs depuis des décennies comme c’est le cas de l’Américain, les artistes qui n’ont pas d’autre source de revenus n’y arrivent plus. On avait relayé précédemment les expérimentations du Wedding Present en la matière. On a également appris cette semaine que le Pere Ubu amorçait une formule d’abonnement mensuel ouvrant l’accès à une télé dédiée assez fabuleuse où se côtoieront conversations au coin du feu, concerts privés et autres goodies.
Sophia s’inscrit dans cette ligne avec le double objectif de faire plaisir aux fans via un concert à la maison et de lever du cash. La formule retenue, exposée par son maître d’oeuvre, consistera le 28 novembre en un premier concert « At Home With Sophia » (une marque déjà utilisée pour promouvoir il y a quelques années des enregistrements live au domicile de particuliers ou avec des jauges ultrarestreintes) prolongé d’un tirage au sort donnant accès sans doute à des surprises qui n’ont pas été listées. Le billet de loterie de ce debut live-stream / raffle / fundraiser est fixé à 10 euros, avec un accès au concert et une chance au tirage. L’artiste promet sur son site qu’il ne s’agira pas simplement d’une sorte de Facebook live mais plutôt d’un spectace intégré et vraiment surmesure auquel il pensait depuis longtemps et qu’il n’avait pas mené à bien à l’annonce du premier confinement, son intérêt s’étant tourné très vite vers l’idée de remonter sur scène.
Si l’on ajoute à cela l’exemple bien plus ancien de Babybird (qui sortira ce soir un nouvel album… composé en 3 jours), on voit poindre désormais un modèle assez évident pour ces artistes là : fédérer leur communauté et parvenir, à moyen terme, à prélever un loyer mensuel permettant d’accéder à leur art, sur le modèle des chaînes de télé payantes ou des abonnements en tout genre auxquels on peut souscrire.
Modernité, bonjour.