On connaissait déjà toute la passion chamanique que porte Joseph Mars vers l’objet guitare. Une dévotion qui s’accompagne de certains principes fondamentaux : l’électricité est un organe branché sur les palpitations du cœur, la technique ne doit jamais supplanter l’instinctif, la virtuosité est un crime de lèse-majesté. Avec ses « frères de sang » Skirst R, Dav P et William Martin, Joseph Mars réactive aujourd’hui le projet Air Wave, et le quatuor en profite pour oser une redéfinition du rock instrumental.
Car ici, aucune dérive sous forme de montagnes russes, pas question de torturer les oreilles à coups de plages atmosphériques. Ni post-rock ni math rock, Santa Teresa est un album d’indie-pop dont les guitares exprimeraient la voix de la raison.
Le principe Air Wave appartient à l’évidence musicale : la joie de composer entre amis, le plaisir d’une écriture chiadée, du bon son, des morceaux cherchant la parfaite durée. D’où une décontraction porteuse de mélodies qui agrippent, une fausse nonchalance camouflant le perfectionnisme de la chose. Santa Teresa appartient à cette catégorie d’albums refusant la confrontation ou le revers par KO. Inversement, il s’agit de choyer, d’emmener avec souplesse (mais non sans montées d’adrénaline) vers un acte d’humilité qui ne peut laisser insensible.
Et puis, Santa Teresa est un disque « de famille » : Matthieu Malon y apporte sa contribution, Stéphane Merveille s’occupe de l’artwork (sublime, comme toujours), Monopsone produit le disque… Avec Air Wave, l’auditeur se sent à la maison, entre amis.