Aline et Images : même combat ?

Aline La vie électriqueOn a beau avoir révisé depuis quelques années notre jugement sur le rock français au fur et à mesure des (re)découvertes (Matthieu Malon, AV, Steeple Remove, The Dead Mantra, etc) : voici que le nouveau single La Vie Electrique du groupe marseillais Aline nous ramène à un état ante où on avait un peu (beaucoup) honte de snober la production de notre beau pays mais où on était persuadé dur comme fer de ne pas rater grand-chose. Car oui, Aline est un groupe que la « critique autorisée » (vieille appellation faisandée qu’on utilise uniquement dans les cas urgents) nous vend comme un groupe important, la relève populaire et branchée d’un Daho, le chaînon manquant entre la bonne chanson française et l’excellente pop anglaise. A vrai dire, on avait encaissé leur précédent essai (le premier), Regarde le Ciel, avec circonspection et sans trop moufter. On avait même espéré quand on avait lu (là où il faut) que le magicien Stephen Street, architecte du son de The Smiths, Blur ou Babyshambles (barrez les noms inutiles), s’était penché sur le groupe que notre oreille nous avait joué des tours et que cette nouvelle french pop n’était pas un mirage ou un pet de travers.

Et voilà que débarque ce clip affreux, symbole/syndrome du bon goût et du détachement de cette nouvelle french touch, qui vient nous foutre les jetons. Aline ressemble trait pour trait à Images. Images d’avant la grande réunification avec l’Emile de Gold, Images de l’âge d’or, Images cette belle usine à tubes. Alors oui, les Démons de Minuit (voir ci-dessous), n’était pas la pire des pires (il y avait bien « Maîtresse, oh, ma maîtresse/Ne touche pas à mes tresses ») mais tout de même…

Alors, on espère très fort que c’est uniquement cette histoire de vampires qui nous a aveuglés et que non, la ritournelle entêtante, les paroles idiotes et les mimiques insupportables du chanteur ne sont qu’une mauvaise blague jouée à notre détriment et visant à nous faire croire que l’avenir du rock français se tient là. Non, tout ceci n’existe pas. Non, la musique n’est pas drôle ou funny. La pop française a un avenir et il n’est pas là, pas dans cette galéjade savante aux sonorités 80s et au format esthétiquement et musicalement giscardien. Sur le fond et la forme, le groupe a tout faux ou presque. A ce stade, espérons pour Aline que le titre marchera et leur permettra d’écouler quelques disques. Ceux qui les ont vus sur scène savent que le groupe vaut mieux que ça et que nous aussi.

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1 Comments

  1. says: YomYom31

    Autant le clip est nul, et je partage totalement l’avis de l’auteur de ce post, autant la chanson est bonne.
    Les Aline osent un mélange ultra détonant entre:
    D’un côté, la musique aux sonorités pop80 totalement assumées relativement sage, voire naïve (je pense aux Avions – la Nuit est chaude)
    De l’autre, un texte direct, provocateur, cru (« Je boirai l’eau trouble à la source,
    de celle qui coule entre tes cuisses. Je lécherai ta peau comme un ours,avide de miel, un délice. »), et pousse-au-crime… Où le texte est-il idiot?
    Le rapprochement avec les Nuits de Baise I et II du dernier opus « Complètement fou » des Yelle est immédiat.

    Benjamin Berton,je me permetzs de vous conseiller de laisser dire la « critique autorisée », de vous foutre du qu’en dira-t-on, et de prendre ce morceau juste pour ce qu’il est: un excellent morceau french pop.
    Pour ce qui est du reste…

    Bien à vous.

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