« Ne soyez pas triste que ça soit la fin. Réjouissez vous que cela ait eu lieu », c’est par cette chouette déclaration que Ian Brown avait refermé à Glasgow en 2017 le dernier (?) concert de ses Stone Roses reformés. La liquidation de leur société commune intervenue après, signait de facto la mort du groupe ou, du moins, son intention de n’y pas revenir de sitôt. La rumeur voulait que Ian Brown, dont le dernier album solo date tout de même de 9 ans, ait peu après (voire peu avant) repris le chemin des studios, entourés par quelques musiciens amis et l’équipe de Fiction Records, très motivés par le comeback du Roi des Singes. C’est dans ce contexte qu’a déboulé il y a quelques semaines maintenant le premier single issu de Ripples, nouvel album prévu pour mars 2019.
Au programme de ce premier morceau, First World Problems, que du vintage qui ne dépaysera pas les fans de la première heure mais surtout un titre de qualité, parfaitement écrit et exécuté qui confortera ceux qui ne jurent que par Brown qu’il reste un artiste incomparable. Histoire de faire le lieu entre le futur et le passé, Brown aurait équipé son studio d’enregistrement des mêmes vieilles machines analogiques qu’il avait sollicitées pour son premier album Unfinished Monkey Business en 1998. Le clip de ce nouveau morceau fait lui directement écho à celui de F.E.AR, le premier single tiré de son troisième album, Music of The Spheres… en 2001.
Tout est désormais histoire de « legacy » mais faut-il s’en désoler si cela nous permet de repasser notre tenue baggy d’il y a vingt ans. Côté composition, First World Problems est une chanson qui porte la marque caractéristique de Brown : un fond social évident (There you go again with your first world problems/
Where your living is easy/ Messing up your mind the daily grind, gotta leave it all behind/ Driving everybody crazy) mais suffisamment indistinct et peu développé pour parler à tout le monde. D’aucuns diront que c’est peu, d’autres crieront au génie : Brown touche en 4 vers à une forme d’universalité qu’il reprend ad lib dans un refrain chanté pas moins de 6 ou 7 fois ici. Le morceau, un poil paresseux tout de même et longuet, est balancé comme un titre des Roses, avec une petite touche canaille traditionnelle qui renvoie aux plus belles heures du rock mancunien. La voix est presque stonienne, cool en diable et désinvolte. On retrouve, côté son, le rythme funk et la limpidité pop de Brown, avec un brin de modernisation électro dans la lignée de ses réalisations précédentes. C’est donc de la bonne pop, avec un bon refrain et une belle intension mais qui ne mérite pas ses 6 minutes…..
Pour ceux qui s’en souviennent, cette thématique des « problèmes de riches » (First World Problems) avait donné lieu en 2014 à une chanson de Chance The Rapper, portant le même titre, mais surtout à une désopilante chanson homonyme du chanteur et parodiste Weird Al Yankovic. Le registre était assez différent mais la thématique pas si éloignée, avec des développements non seulement hilarants mais qui témoignaient d’un vrai sens du détail dans le traitement du thème. A tout prendre, pas sûr que le titre de Ian Brown soit mieux que celui-là !