[Les filles font le printemps #3] – Anna of the North, pauvre petite fille triste

Anna of the North par Magnus NordstrandElle ne vient évidemment pas du Nord Pas de Calais mais de Norvège et elle est devenue un petit phénomène indé suite à la sortie d’un précédent single en octobre dernier appelé The Dreamer : Anna of The North (photo : Magnus Nordstrand), son vrai nom étant le beaucoup moins sexy Anna Lotterud, a livré cette semaine un nouveau morceau intitulé Baby qui continue de l’installer au firmament curieux de l’electro-pop internationale. Soutenue par un batteur ridicule (sans doute embauché juste pour le clip), la jeune femme déploie ses charmes insensés de brunette bien comme il faut (quelle allure, quel visage) dans cette vidéo de trois minutes et quelques haute en couleurs et résolument arty. Les poses songeuses, les moues boudeuses se multiplient tandis que la chanteuse alterne, comme dans un jeu de rôle de l’Actors Studio, les poses attristées (imposées par le genre) et les contorsions sensuelles. Le mélange est pour le moins troublant, et ce d’autant plus qu’on ne comprend pas tellement, en écoutant les paroles, pourquoi ce Baby la rend si triste alors qu’il la « hold so tight » qu’Anna of The North paraît comblée.

Il faut attendre la chute pour avoir la clé en images et ce plan iconique et tellement années 80 du téléphone décroché qui ne sonne pas. Là, on frise le happening nostalgique, dans un décor vintage IKEA du plus bel effet. C’était donc ça : l’idiot de Baby a perdu son 06. Il ne peut plus l’appeler parce qu’à cause de la libéralisation des télécoms, son téléphone fixe est en dérangement. On se moque, on se moque mais il ne faut pas prendre Anna of The North à la légère. La chanson est élégante et marche sur l’eau. L’électro-pop est certes classique mais drôlement efficace. L’ambiance est chaleureuse, tendrement contemporaine et propice à des rêveries câlines. Ce genre de musique peut tout à fait fonctionner dans certaines circonstances (une dépression, une vie de solitude, ou lors d’un exil à l’étranger, etc) et procurer son lot de réconfort. Cette beauté fragile ne se destinait pas nécessairement à la musique mais devrait sortir un premier album très vite. Née et grandie dans une petite ville non loin d’Oslo, elle a découvert la vie en montant à la ville pour faire ses études (supérieures). Enivrée par l’effervescence urbaine, elle s’est exilée à Melbourne après avoir tâté (bah voyons….) du mannequinat en amateur, puis avoir managé une boutique de fringues branchées (bah voyons 2….). La ville étant rarement injuste, elle a rencontré un producteur australien qui a découvert (sans doute après une sortie dans un karaoké sélect – bah voyons 3…) qu’elle avait une voix merveilleuse.

Voilà la belle histoire d’Anna of The North (qu’on surnommait ainsi en Australie car elle venait du Nord…. bah voyons 4) racontée/sabordée en 3 ou 4 lignes. Authenticité quand tu nous tiens. Notre scepticisme ne doit cacher notre hypersensibilité (snif, snif) et notre attention aux jolies choses/belles personnes. (bah voyons 5) On aime Anna of The North pour tout ce qu’elle est et ce qu’elle représente : ces légions de jolies filles qui attendent notre amour et nos appels téléphoniques, ces beautés solitaires et tristes aux corps de rêve qui se languissent de trouver des mecs sensibles, cultivés et (probablement) barbus. L’électro-pop d’Anna of The North est un fantasme mis en note comme il y en a eu tellement par le passé.  « Allez, come to my mansion, je vais te composer une chanson qui va faire de toi oune star. Tou a une très jolie voice. » Roger Nelson sort de ce corps.

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