Le clip n’est pas mort, loin de là. Dans l’univers actuel de consommation de musique, possible même qu’il soit plus important encore que lorsque l’ère MTV battait son plein. Difficile de fait d’imaginer l’effet produit par ce deuxième morceau du britannique Krrum sans l’appui de ce montage racé et dément qui l’accompagne.
Avec le caméo de l’auteur au milieu (on ne connaissait pas son visage), ce montage d’images d’archives psychédélico-surréaliste est un accessoire indispensable de la consommation de ce titre, bondissant, délicatement trip-hop et un peu soul. Certains appellent cela de l’avant-pop ou de la post-soupe. On y entend des influences trippy, un zeste de RnB et aussi des vapeurs Northern Soul. Le précédent, Morphine, avait ses charmes, plus classiques, plus dansants aussi. Celui-ci est juste trippant, flippant, avec ses poulpes et ses bisous lesbiens, ce cygne fantôme et ces appels à la vie. La réalisation est signée Camille Summers-Valli. A quelques jours de la sortie de son premier EP baptisé Evil Twin EP, sur la structure 37 Adventures/PIAS, le jeune anglais n’en finit pas de nous mettre mal à l’aise. Barbu un peu dérangé, Krrum est annoncé comme un nouveau prodige des musiques « urbaines » anglaises. Il a 20 ans à peine et compose dans sa piaule depuis l’âge de 13 ans. Son identité est volatile, mobile, insaisissable. C’est aussi le message suggéré par ce clip qui invite à se délester de ce qu’on n’aime pas chez soi. Krrum est timbré mais pas du genre timbré qui fait n’importe quoi. Il fait partie de ces dingos qui inquiètent et vous fixent droit dans les yeux, sans que vous sachiez s’ils sont juste cools et défoncés ou s’ils vont vous sauter à la gorge pour vous bouffer l’oreille.
En attendant la fin mars, date de sortie de l’EP, on peut se stroboscoper en boucle ce Evil Twin, ce qui n’est pas plus mauvais pour la santé, d’après les médecins qu’on a consultés, que de se toucher le kiki en s’auto-asphyxiant comme David Carradine ou de s’injecter des opiacés dans le sein gauche comme Marcia La Cinglée.