Anniversaire des 80 ans, au tour de Brian Wilson

Brian WilsonEntre les Beatles et les Beach Boys, il est de bon ton de respecter une forme d’égalité de traitement, même si on a toujours considéré (comme la plupart) que l’impact critique des Anglais dépasse assez fortement celui des Américains (encore que). Ça tombe bien McCartney et Brian Wilson sont nés à deux jours d’écart. L’un à Liverpool, l’autre à Inglewood en Californie. Les deux bassistes (dominants) ont donné naissance à des chansons marquantes, merveilleuses, fabuleuses et, de l’avis de tous, géniales. A la différence de McCartney, Brian Wilson était seul ou quasiment, trop seul sûrement. Sa postérité post-Beach Boys est un peu plus difficile à sonder, à la fois parce qu’il a été clairement moins actif que le Britannique, moins cohérent, moins productif aussi et globalement moins inspiré, mais on trouve aussi chez lui et dans toute sa discographie inégale des joyaux, des chansons méconnues qui méritent d’être écoutées. A l’inverse de McCartney, Wilson a tout de même manqué son recyclage « image » semblant presque partout et tout le temps décalé, voire dépassé par l’époque. Wilson a manqué à peu près tous les trains musicaux. Son retour n’a été que nostalgique, émouvant mais nostalgique, même s’il nous a valu la découverte de l’inespéré Smile ou de ce qui en tenait lieu à quelques décennies de distance.

1. Orange Crate Art, 1995, Brian Wilson & Van Dyke Parks

Faux album de Brian Wilson, Orange Crate Art remet face à face deux des principaux protagonistes de l’âge d’or des Beach Boys et de l’aventure Smile. L’ensemble est arty, excessivement écrit à l’image des compositions complexes d’un Van Dyke Parks qui écrit la plupart des chansons, Wilson se contentant de changer et d’assurer les chœurs. S’il n’y a pas l’évidence mélodique de Wilson, certaines chansons sont quand même assez magiques et fascinantes par leurs arabesques et l’aisance des deux bonhommes.

2. The Bare Neccessities (In the Key of Disney, 2011)

On triche aussi sur celle-ci, petite pépite nostalgique au cœur d’un album de commande sur lequel Brian Wilson revisite les classiques de l’univers Disney. La chanson est de Terry Gilkynson mais Wilson y apporte sa touche spéciale et confère à Baloo un style et une pêche inimitable. Dans un album qui passe parfois à la limite de l’indignité, The Bare Necessities reste un instant feelgood indépassable.

3. Melt Away (I Just Wasnt  Made For These Things, 1995)

Ce disque est peut-être le plus beau et le plus juste de la carrière solo de Wilson. Le morceau évoque la dépression remarquablement.

The world’s not waiting just for me
The world don’t care what I can be
I feel just like an island
Until I see you smilin’
And my blues just melt away, melt away
C’est juste bien fait.

4. Brian Wilson – In My Room (At My Piano, 2021)

On triche encore. In My Room est évidemment un standard des Beach Boys que Papi Brian reprend ici pour son album (ridicule) At My Piano. L’occasion de parler de ce standard qui est l’une des plus belles chansons de l’auteur, la plus emblématique de sa vie, de ses manières de composer, de son immense solitude géniale. Le titre est cosigné avec Gary Usher et date en réalité de 1963.

5. Brian Wilson – Midnight’s Another Day (That Lucky Old Sun, 2008)

L’album est très bien, coloré, fruité et ce morceau en constitue l’un des meilleurs extraits. C’est sans aucun doute l’album original le plus proche de ce que Wilson essayait de réaliser avec les Beach Boys : un cycle musical et narratif dérivé de l’univers d’une vieille chanson traditionnelle de 1949. C’est luxuriant, enlevé et souvent magnifique. Le disque est le meilleur/dernier aperçu donné (en dehors des lives) par le compositeur de son talent.

6. Love and Mercy (Brian Wilson, 1988)

Chanson emblématique qui donna aussi son titre au récent biopic de l’artiste, Love And Mercy, est une chanson très réussie qui a la particularité d’avoir été co-signée (de force) par le psy de Wilson et sa petite amie. Le titre a ensuite été réenregistré en 1995 et sert souvent de clôture aux concerts du chanteur.

7. Guess You Had To Be There (feat Kacey Musgraves)

En collaboration avec la nouvelle reine de la country, Kacey Musgraves, ce morceau aux allures mi-tropical, mi-country est caractéristique de nombre des compositions uptempo de l’ancien cerveau des Beach Boys. C’est stylistiquement presque too much et presque toujours joué avec trop d’entrain et de chantilly, mais cela fonctionne bien.

8. Surf’s Up (2004, Live version)

Tricherie 2. Surf’s Up n’est pas de 2004 mais c’est tout simplement l’une des meilleures chansons des Beach Boys de tous les temps et, avec Good Vibrations peut-être, God Only Knows sûrement, le plus grand titre de l’artiste. Sans doute existe-t-il quelque part une version originelle et inédite (dans la tête de Wilson). Celles qui sortent ensuite et avec lesquelles il joue depuis son magnifique. On peut en collectionner les variantes comme on collecterait des poèmes inédits. Van Dyke Parks en est le coauteur bien sûr. La sortie initiale officielle est de 1971 mais les versions mythiques fuitent à compter de 1967. La chanson avait vocation à refermer l’album Smile.

Crédit photo : Takahiro Kyono via Wikimedia

Recevez chaque vendredi à 18h un résumé de tous les articles publiés dans la semaine.

En vous abonnant vous acceptez notre Politique de confidentialité.

Mots clés de l'article
, , ,
More from Benjamin Berton
Fat White Family / Song For Our Mothers
[Fat Possum]
Faisons fi de l’actualité ! Cet album est sorti en février et...
Lire la suite
Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *