La dernière fois, on s’était quitté un peu fâché avec The Orchids. Oh, rien de grave, comme souvent avec les amis fidèles qui accompagnent votre vie depuis des années mais leur dernier album, Beatitude #9 en 2014 s’avérait assez peu convaincant, parfois même saccagé par des effets de production aussi inutiles qu’incompréhensibles. L’annonce de leur retour avec un 7ème album en 34 ans, soit un vrai rythme de sénateurs est donc l’occasion idéale pour se rabibocher autour d’une bonne pinte et de This Boy Is A Mess, le single annonciateur de Dreaming Kind qui sortira à la rentrée. L’amitié étant une chose tenace, ce sont leurs vieux comparses de chez Sarah Records, Amelia Fletcher et Rob Pursey (The Catenary Wire, ex-Heavenly, entre bien d’autres) qui sortiront le disque via leur label Skep Wax, une structure de plus en plus en vue au fur et à mesure que toutes ces vieilles gloires de la pop indépendante retrouvent de la vigueur, la cinquantaine à présent dépassée.
Si The Orchids ont toujours eu une place à part dans toute cette scène et dans nos cœurs, c’est que parmi tous ces groupes amateurs et anonymes, ils incarnaient et incarnent toujours la quintessence de l’anti-popstaristation : rien à faire du bide et des man-boobs, rien à faire des cheveux gris et de la façon dont il faudrait se fringuer pour tourner un clip : les écossais pourraient tout aussi bien être un groupe de reprises ne jouant que tous les 21 juin, un groupe de profs de musique ne jouant que dans des fêtes d’école, un groupe de balloche ambiançant les mariages estivaux ou plus probablement un groupe de copains ne jouant que par pur plaisir dans le garage de l’un d’entre-eux et occasionnellement dans le pub de leur quartier. Seulement voilà, au-delà de ces poncifs, The Orchids est et restera une formidable machine à écrire et à composer, selon certains, le meilleur groupe écossais depuis Orange Juice. Si la concurrence pour ce titre fait rage, force est de constater que le groupe ne baisse pas les bras et reste en course pour l’obtenir.
This Boy Is A Mess, ce premier single, confirme que le groupe n’a rien perdu de sa verve et de sa simplicité. Ce que l’on évoque aujourd’hui sous la bannière « Feel Good », comme si la bonté et le bonheur étaient un simple style ou même une exception, The Orchids le revendique comme une norme à faire vivre au quotidien. Avec la voix toujours aussi chaleureuse de James Hackett et une mélodie précise et soyeuse au refrain cajoleur, uniquement perturbée par un break un peu incongru, comme si le groupe peinait à se sortir de ses petits travers de sur-production, le titre accroche sans peine et rempli à merveille sa fonction de single annonciateur : convainquant, il ramène sans peine les fans au bercail. De son côté, la vidéo faite maison à la façon des vieilles VHS un peu nostalgiques mêle images transgénérationnelles, souvent d’archive, actualités emblématiques et le groupe dans un playback mal synchronisé, comme si finalement tout cela importait peu.
Seuls comptent la musique et le plaisir à la jouer ensemble. On s’en rendra compte une nouvelle fois le 2 septembre à la sortie de Dreaming Kind.