Le chaud et le froid, l’amour et le froid, l’amour et le chaud : ce sont quelques combinaisons libérées par l’écoute des dernières prestations de Bleu Reine, à quelques encablures de la sortie de son EP Elémentaire, prévue le 18 janvier chez Sanit Mils Records. Bleu Reine, c’est une guitariste chanteuse, Léa Lotz, parisienne, que l’on suit depuis quelques temps déjà entre concerts confidentiels et sessions sur la toile, reprises osées (sa cover du Das Model de Kraftwerk est superbe d’audace) et chansons originales d’obédience folk.
Pour tout avouer, on aime la jeune femme lorsqu’elle s’électrise et peut-être plus quand elle emprunte les mots des autres que lorsqu’elle évolue dans un registre franco-pop qui souvent nous échappe. Le premier extrait de son futur Ep, les Yeux Fermés, était une chanson magnifique, chantée dans cette scansion si particulière qui rappelle une Dominique A au féminin ou une Françoise Hardy/Breut revenue d’outre folk. La guitare frémit sous la caresse et les mots se tendent comme des arcs, sous la dictée poétique d’une voix solide et autoritaire. Il se dégage de la musique et du chant de Léa Lotz comme une énigme, hyper-féminine, faite d’autant de mystère que de sensualité. Le second morceau, sorti il y a quelques semaines maintenant, nous a moins convaincus. A l’autre bout de moi (en écoute ci-dessous) est plombé par un texte plus faible et une orientation trop égotiste qui éclipse, pour nous, la qualité de l’interprétation. « Ce sont les échecs qui renforcent les sentiments« , disait-on jadis.
Heureusement, la jeune femme, qui pourrait rejoindre le contingent des filles qu’on adore en secret, pour leurs qualités et nos faiblesses, nous a ré-enflammés en mettant en ligne une reprise immense du This Is Love de PJ Harvey. C’est ainsi qu’on aime Bleu Reine, dans l’imperfection impatiente de quelques accords électriques, dans un chant à cru et à cran qui s’expose sans filtre, femme-fusion à l’épaule de lait et au petit pull marin. Gageons qu’Elémentaire, qu’on n’a pas encore écouté, nous servira cette matière primitive plutôt qu’un empire trop sophistiqué. Il faudra (peut-être) compter sur Bleu Reine en 2019. On l’espère du moins.
Release party le 23 janvier à La Dame de Canton (Paris).