Alors que le groupe a signé un retour plutôt réussi en fin d’année dernière avec No Treasure But Hope, les Tindersticks viennent d’annoncer qu’ils allaient reprendre la route en tant que collectif à compter du mois de novembre pour une nouvelle série de concerts.
Il va donc falloir attendre quelques mois avant de désespérer à nouveau avec style et caractère. Après une première série de dates en début d’année, le groupe de Nottingham (et qui travaille toujours en Creuse aux dernières nouvelles) va pouvoir continuer d’éprouver sa notoriété française. Les précédentes apparitions de Stuart Staples et des siens s’étaient données à guichets fermés. On imagine qu’il en sera de même à l’automne. Le succès des Tindersticks, après toutes ces années, reste assez inexplicable. A l’instar de Divine Comedy, le groupe bénéficie en France d’un capital sympathie unique depuis ses premiers travaux au milieu des années 90.
Sont-ce les souvenirs enracinés des quadras biberonnés aux Inrocks et à l’écoute de Bernard Lenoir ou y a-t-il dans la sophistication toute britannique du groupe des qualités qui entrent en écho quasi permanent avec l’âme française ? Il ne manque pas de gens qui les trouvent soporifiques mais la base des fans est fidèle et active et ne manquerait les rendez-vous réguliers qu’ils nous donnent pour rien au monde.
Le groupe a annoncé pour le moment cinq dates entre le 15 et le 19 novembre, qui passent par Lille, Strasbourg, Mérignac, Castre et Aix.
Un extrait du concert des Tindersticks au Lieu Unique (Nantes)
https://www.facebook.com/tindersticksofficial/videos/606720773384949/
Le live en intégralité
Crédit photo : capture d’écran du concert au Lieu Unique (Arte)
Bonjour,
Quadras biberonnés aux Inrocks et à l’écoute de Bernard Lenoir? J’ai vu les Tindersticks en mars, juste avant le début de ce que l’on appelle depuis quelques jours le « premier confinement » et, sincèrement, je pense que la moyenne d’âge du public de leur public de nos jours est quand même un peu plus élevée… Je dirais autour de 52-55 ans, peut-être plus. Je suis né en 1970 et j’ai vu le groupe en concert pour la première fois en 1995… Déjà, à l’époque, je me souviens avoir pensé que c’était à peu près le seul concert où je m’étais encore senti un peu jeune (rires)
Vous citez Divine Comedy et je comprends bien sûr pourquoi: pop orchestrale classieuse chez les deux groupes, apogée commerciale dans les mêmes années (1995-97), public très fidèle qui est toujours là aujourd’hui 25 ans plus tard. Des fans du style « affectueux » dans les 2 cas.
Cependant, la comparaison s’arrête probablement là. Le Divine Comedy, du milieu des années 90 était assimilé, à l’instar de Pulp, à une version mi-excentrique mi-branchouille de la Britpop. Le public de Neil hannon était jeune, étudiant, insouciant, rigolard. Les Tindersticks, eux, me semblaient avoir un public de « vieux » ou au moins de « vieux jeunes » qui étaient plutôt du genre à dire merde à la Britpop. Des presque trentenaires biberonnés à Pornography, Closer, Psychocandy, les vêtements sombres et l’alcool triste, qui se rendaient compte qu’ils n’étaient plus jeunes et qu’ils ne le seraient plus jamais.
Les décideurs de l’industrie du disque ne s’y étaient pas trompés. Ils voyaient en Hannon une pop star en devenir avec un vrai potentiel commercial (Il signera vite un lucratif contrat avec une major et échouera assez lamentablement sur ce plan.) Ils ne voyaient par contre en Staples qu’une sorte de Bryan Ferry comateux de 2eme division et ses 15 minutes de gloriole internationale leur semblait être une inexplicable incongruité. Et la suite leur a donné raison, n’est-ce pas? Là où Hannon a au moins tenté à chaque album de prendre quelques risques (sinon de se renouveler) les Tindersticks se sont eux contentés de gérer leur capital sympathie dans Télérama. De redite en redite. Le départ de Dickon Hinchliffe (2003) compositeur et architecte sonore du groupe, les a achevés. Depuis la « refondation » de 2006, Staples ronronne, figé dans son alcoolisme bonhomme, incapable de surprendre. Et à chaque nouvelle tournée, on revient aux Tindersticks malgré soi, avec une ombre de mauvaise conscience: « il » a pris un coup de vieux -nous aussi. Les morceaux du nouvel album sont totalement prévisibles -tout comme nos vies quotidiennes. Stuart est amorphe -nous sommes assis confortablement dans la pénombre, bercés par sa voix paresseuse. Bonjour tristesse? Bonjour vieillesse, oui.
Merci pour ce joli témoignage Piero. Oui, la comparaison avec Neil Hannon s’arrête là. Pas sûr cependant que les Tindersticks aient été d’emblée un groupe pour les « vieux ». Le public Inrocks de l’époque avait son homogénéité mais oui, ils ont sans doute vieilli plus vite. Les Tindersticks étaient bien plus sombres et on eu le mérite de la constance, creusant le même sillon jusqu’à plus soif avec une détermination qui force l’admiration. D’une certaine façon, on ne s’en lasse pas plus que la 1ère fois où on les a entendus.