Bruit Noir / I/III
[Ici d’Ailleurs / L’Autre Distribution]

Bruit NoirCeci n’est pas un album de musique. Encore que. En tout cas, pas du genre de ceux qu’on écoute entre amis ou le dimanche matin au réveil en sirotant son café en pyjama. C’est autre chose. Quelque chose d’unique et d’à part dans la discographie d’un groupe déjà à part. Ce n’est pas vraiment un album de Mendelson, mais celui de son leader Pascal Bouaziz avec son partenaire Jean-Michel Pirès, qu’on tient pour l’un des meilleurs batteurs de son temps. Ce nouveau projet, Bruit Noir, ne ressemble à rien de conventionnel et pousse un peu plus loin encore la démarche de Mendelson (qui n’a eu de cesse de s’affranchir de tout format pour aboutir au triple album de 2013). Le duo privilégie le propos narratif tout en ne renonçant pas à une certaine forme de musicalité, quand bi même il n’y a qu’une batterie, des samples – souvent bruitistes, et un saxophone free parfois. Avec une telle équation I / III est forcément aride et épineux. Il serait vain d’essayer de retranscrire la puissance des textes, leur portée. On sourit souvent comme sur l’introductif Requiem sur lequel Pascal Bouaziz s’auto-cite avec malice, lorsqu’il appelle à la disparition de l’Humanité en citant les banques de sperme (Manifestation) ou encore, lorsqu’il se campe en parfait acariâtre racontant un voyage en Low Cost. De même, on se laisse emmener dans les dédales de la Sécurité Sociale et on s’affole de ne trouver une issue. Derrière un ton démagogique, entre cynisme et critique sociale, Bruit Noir ne choisit pas. Et touche souvent en localisant l’ennui en Province à Chartres, Niort, Charleville-Mézières, Arras, Bapaume, Le Mans (la ville de feu Jean-Luc Le Ténia ici cité avec justesse), ou en évoquant sa découverte de Joy Division. Des souvenirs d’enfance, des impressions émouvantes, des images foudroyantes et crues, des dénonciations, de l’autodérision, ces pièces sont personnelles et universelles, souvent violentes mais aussi justes et jouissives. Comme la plupart des réalisations de Mendelson (et en attendant l’album solo de Bouaziz à venir), ce disque est exigeant et ne peut pas être écouté en toute occasion. Il n’en reste pas moins qu’il est aussi unique qu’indispensable.

Tracklist
01. Requiem
02. Joe Dassin
03. L’usine
04. Joy Division
05. Je Regarde Les Nuages
06. La Province
07. Manifestation
08. Low Cost
09. Sécurité Sociale
10. Adieu
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