Colder / Many Colours
[Bataille Records]

Colder Many ColoursLe jeu de piste s’étiolait au gré de ses migrations, l’image devenait floue au fur et à mesure qu’elle s’éloignait. Mais le souvenir restait tenace et la certitude de l’importance de la musique de Colder était régulièrement ravivée par l’écoute de deux albums fondateurs et fondamentaux.

Il y a dix ans paraissait Heat, le deuxième album signé par Colder qui accentuait un peu plus encore la ferveur suscitée par Again (Output – 2003). Mais alors que la reconnaissance médiatique le touchait du bout des doigts lorsque son remix du Clean de Depeche Mode faisait converger les projecteurs vers lui et qu’il se voyait invité sur les plus grandes scènes des festivals, Marc Nygen Tan s’enfonçait dans l’obscurité.

Depuis cet âge d’or qui ressemblait à un chant du cygne ou faisait penser à un papillon qui s’approche trop près de la lumière, on ne savait plus si le Français se contentait d’expérimenter avec son compère Guillaume Ollendorff au sein de Scratoa! (un disque Live En San Antón paru sur Killer Pimp en 2010) ou si ce fantastique punchliner avait raccroché définitivement les gants.

Au lieu de cela, Colder préparait son comeback. Et comme l’annonçait l’imparable single Turn Your Back le voilà toujours aussi affuté, précis et juste, prompt à esquiver les coups pour décocher un uppercut foudroyant. Nulle trace de l’usure du temps, pas de manque d’assurance, aucun stigmate d’excès : Many Colours s’inscrit dans la droite lignée de ses deux prédécesseurs. Le tout sans redite ni contre-pied, une gageure. Le petit monde de la musique pop a continué de tourner, sans que les plus frivoles (et les plus jeunes) ne se soucient de lui. Des modes se sont faites et défaites, tout s’est mis à aller très vite. Dans ce contexte de frénésie généralisée, dans ce monde factice et instable, le retour d’un musicien de cette trempe fait un bien fou. Son assurance est rassérénant.

Qui d’autre pour distiller une telle angoisse (Keep For Yourself qui boxe dans la même catégorie que A Galaxy Of Scars de Third Eye Foundation) et nous faire danser au ralenti (Midnight Fever) ? Il suffirait que Colder augmente les BPM, pousse les potards dans le rouge, appuie les basses pour que ces compositions deviennent des hymnes pour dancefloor. Il pourrait aussi développer la ligne de piano électrique (On A Flat And Empty Land) et laisse traîner le chant pour que certaines compositions se muent en slow poisseux. Mais Colder préfère cet entre-deux qui lui sied si bien, lui permettant d’osciller entre des profondeurs obscures et la frontière d’une lumière crue. Magnifiquement produit par ses propres soins, Many Colours est un disque de soustraction et de retenue. Les notes qui restent ici sont celles qui permettent d’imaginer une mélodie symphonique, le moindre arrangement – pourtant minimal – est essentiel. La classe et l’émotion à fleur de peau.

Tracklist
01. Many Colours
02. Another Year
03. Turn Your Back
04. Stationery Remote Anger
05. Midnight Fever Feat. Owlle
06. On A Flat And Empty Land
07. Keep For Yourself
08. Your Kind
09. Silence
Ecouter Colder - Many Colours

Lien
Le site de Colder
Recevez chaque vendredi à 18h un résumé de tous les articles publiés dans la semaine.

En vous abonnant vous acceptez notre Politique de confidentialité.

Mots-clés de l'article
, ,
Écrit par
Plus d'articles de Denis
Be my MIS+RESS, be my MIS+RESS
Les amateurs de drone music, de pop pastorale, d’éléctro contemplative savent qu’il...
Lire
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *