Trentemøller / Fixion
[In My Room]

8 Note de l'auteur
8

Trentemøller - FixionVoilà une rencontre qu’on n’aurait pas espéré aussi fructueuse : pour ce nouvel album, Anders Trentemøller s’est acoquiné avec Jehnny Beth, la charismatique chanteuse de Savages. Cette collaboration tombait sous le sens pour les nouveaux amis depuis que Johnny Hostile avait rallié la formation live de Trentemøller et que le Danois s’était attelé à la production du second album du groupe emmené par Jehnny – alias « madame Hostile » à la ville. On aurait pu craindre toutefois que le fruit de ce ménage à trois soit l’enfant de la carpe et du lapin sur le plan musical. Mais la belle Française ne la joue pas Savages (entendre par là : provocante, harangueuse, crâneuse, poseuse), et se fond parfaitement dans l’univers de Trentemøller pour illuminer le premier single de l’album, le vénéneux River In Me (ah cette petite boucle synthétique façon The Cure période Kiss Me Kiss Me Kiss Me !). Elle est aussi présente sur l’un des morceaux les plus gothiques du disque Complicated, porté par une ligne de basse abyssale et ponctué d’un pont emprunté à …. The Cure période Faith. Car oui, avec Fixion, Trentemøller a fait une grosse fixette sur la trilogie magique de la bande à Robert Smith. On pourrait citer aussi les premiers albums de Depeche Mode, quand le groupe de Basildon écumait les clubs coldwave enfumés, ou encore The Sisters Of Mercy. Autant dire que l’ambiance n’est pas à la gaudriole et qu’on est loin des tunnels techno hédonistes des premiers singles de Trentemøller. On retrouve aussi Marie Fisker, collaboratrice de longue date du Danois, sur quatre chansons. Avec son chant majestueux, elle fait courir le fantôme de Siouxsie sur une bonne partie du disque. C’est classe et envoutant. Au final, c’est une troisième voix féminine qui tire un voile pudique sur cette oraison funéraire, celle de la vaporeuse Lisbet Fritze (de feu Giana Factory dont on avait bien apprécié Save The Youth en 2010).

Mais on ne se plaindra certainement pas de toutes ces références – d’ailleurs cela ne nous a pas empêché de prendre notre pied sur le dernier The Soft Moon. D’autant qu’ici, la production est flatteuse sans être trop fate, laissant apparaitre mille et un détails sur le long terme (Trentemøller se charge lui même de la production, du mixage et des arrangements). Malgré ses forts accents cold-new-wave-gothiques, l’album dégage une grande sensualité, voire même une touche érotico chic.

Un exercice de style certes, mais de très haute volée et qui ravira les amateurs du genre.

Trentemøller – River In Me

Tracklist
01. One Eye Open
02. Never Fade
03. Sinus
04. River In Me
05. Phoenicia
06. Redefine
07. My Conviction
08. November
09. Spinning
10. Circuits
11. Complicated
12. Where The Shadows Fall
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