S’oxygéner en contrée sarthoise est au programme avec Drache. Dans le fond, il est plutôt question d’aller mettre avec vigueur le pied dans la bouse pour construire et déconstruire les expériences de vie.
Les textes sont incisifs, corrosifs et non sans une pointe d’ironie. Ils sont profondément tournés vers le sociétale sans jamais se morfondre de bonne conscience. L’humour tâche par parcimonie et avec subtilité. Des synthés accordés à la sueur et des cordes vocales élevées à la froide dureté viennent s’accoupler aux lyrics. Un sentiment d’urgence s’écoule constamment comme une douce envie fermentée de pisser qui serait assouvie pendant la petite vingtaine de minutes de ce EP. Les temps morts sont portions congrues tant les déclamations de Drache pleuvent sans discontinuité.
La collaboration avec le label Mauvais Sang coule de source tant l’artistique proposé par Drache transpire l’indie rap que Monsieur Saï défend depuis une dizaine d’année. Sur le morceau Fragile, on se prend, par le plus pure des hasards, à penser au groupe Manceau Earth On Faya et aux versets de Sooolem & Mothaphocus tant la redondance et le choix du vocable du refrain sont d’un même acabit hypnotique tout en restant plus terre à terre. On ne s’étonnera pas que la formation originelle de Drache soit plus rock. Ceci se ressent dans la construction fine des morceaux et dans l’énergie globale libérée.
A défaut de devenir le premier imperator de la Creuse, Drache réussit avec brio la livraison de ce premier nectar de cinq titres. Pour le moment, on ne goûte pas notre plaisir de s’en délecter et un peu plus loin on attendra avec gourmandise la gelée royale qui viendra prendre la suite.