Rendez-vous en capitale des gaules pour un Woke expérimental qui lie Grosso Gadgetto, Pink Room et Oddateee pour un doux moment de songe.
Cette assertion ne résistera pas une seconde au lancement de l’écoute. Celle-ci ne sera en rien d’un calme olympien et virera à l’ambiance d’un cauchemar. La musique du trio suinte, tâche, évolue et se veut terriblement froide dès l’émergence du buzzer.
Rencontre à mi-chemin entre le message aux profondeurs d’un DJ Krush et les tactiques d’égoutiers de Dälek, Woke ne laisse que des traînées de sons qui collent. Oddateee se fait cracheur de fiel rapologique. Les sonorités bourdonnantes d’expérimentations de ses deux comparses viennent se mélanger et durcir au contact de son vocable.
Regardons un peu en arrière et attardons-nous aux origines de ce projet. Entre les deux confinements de l’année 2020, Grosso Gadgetto et Pink Room ont commencé une collaboration créative où l’improvisation était centrale. A coup de nappes virtuelles et de résonances industrielles, ils ont donné naissance à une sorte de free-jazz à la sauce noise ambient. Par la suite, Oddateee, complice de longue date de Grosso Gadgetto, les a rejoint pour relever le tout d’un soupçon de rap transfiguré de noirceur. En point final, ils ont accouché de cinq titres qui ont du corps et qui se révèlent être tous indispensables au bon déroulement de Woke.
Malheureusement, le réveil s’arrête subitement de carillonner au bout de vingt-cinq minutes. Ce laps de temps aura permis de savourer chaque seconde parfaitement mis en branle par Grosso Gadgetto, Pink Room et Oddateee. On en vient même à regretter que la fin ait eu le droit de pointer le bout de son nez tant la densité musicale a éveillé notre audition.
