House of Wolves / House of Wolves
[Discolexique]

8 Note de l'auteur
8

House of Wolves / House of WolvesHouse of Wolves fait partie de ces quelques groupes comme Dakota Suite, Idaho ou Dungen qu’on ne fréquente pas au hasard. Ce sont des groupes compagnon, discrets, fidèles, appliqués et qu’il nous arrive fréquemment d’oublier de citer lorsqu’on veut épater la galerie ou produire un effet spectaculaire sur une oreille amie. Après un deuxième album, Daughter of The Sea, sorti en 2015, qui avait à peu près toutes les qualités du premier, le groupe de Rey Villalobos avait réussi à imposer à notre mélancolie son étalon or simplissime composé d’une alliance piano/voix/guitare arrangée de peu et d’un sens de la composition gracieux et inné. Le chanteur compositeur, américain, avec du sang mexicain et italien dans les cordes vocales, y était passé maître en délicatesse triste, en euphorie de sourdine et en émotions rentrées.

A l’échelle de House of Wolves, le troisième éponyme sorti il y a quelques mois maintenant, chez les fidèles Discolexique, est une petite révolution de palais ou du moins une montée en gamme qui s’incarne dans une recherche (parfaitement réussie) de prise d’ampleur dans le son et de liberté dans le ton. Les rythmiques sont plus prononcées, marquées à la batterie, et les mélodies amplifiées par un ensemble de cordes qui sublime littéralement les compositions. Le folk champêtre de Villalobos gagne en intensité et migre lentement vers un hybride fascinant de pop folk americana traditionnelle et de rock 70s. Difficile à ce stade de mettre un titre en avant tant tout n’est que paix agitée et harmonie. Les relations amoureuses sont, comme souvent chez House of Wolves, au coeur des chansons, leurs troubles, leurs tensions, leurs fins, leurs reprises, les affrontements qu’ils produisent. Villalobos envisage le cycle amoureux comme un cercle des saisons où l’on fleurit et où l’on fane comme passent les fleurs, avant que tout ne recommence. Darkness figure ces instants de transition où l’on voit la vie en noir, quand Firefly (notre morceau préféré) symbolise le bourdonnement d’une timide renaissance.

L’album s’offre des variations de braquet inédites et qui dessinent plusieurs niveaux de grâce. Les guitares s’enflamment parfois, taquinant la beauté aérienne et sonore des californiens de Big Star sur le magnifique Keep All Your Lovers ou l’un peu rock Holy Roller Coaster. Les paysages défilent eux aussi, américains en diable, nappant les émotions d’un cadre naturel somptueux. La voix de Villalobos, plus pointue, n’est pas sans rappeler d’ailleurs l’intensité émotionnelle et la liberté insolente du timbre aux mille échos de feu Alex Chilton. On croise sur certaines pièces le fantôme de Bonnie Prince Billy, figure forcément incontournable quand on vient dans ce registre. C’est dire la quantité de beauté qu’on négocie ici.

Pour le reste, et comme toujours chez ce groupe hors du temps, on s’abandonne sans mal à la beauté des accompagnements. Chaque pièce est en soi un travail exigeant d’orfèvrerie et un modèle d’équilibre. House of Wolves (l’album) est un album envoûtant, un album qui ouvre l’univers de Villalobos sur de nouveaux territoires. On espère qu’il offrira au groupe une audience plus vaste que ses précédentes réalisations au charme narcoleptique insoupçonné. Cet album le mérite mille fois. Le groupe se baladera en France du 22 février au 3 mars. Il ne faudra rater ça sous aucun prétexte. Comme dit Yakari le petit indien, il n’y a rien de plus beau que le chant des loups au clair de lune. C’est vrai.

A noter que le sublime morceau Love Is A War est un morceau bonus figurant sur un CD offert avec le vinyle.

House of Wolves – House of Wolves

Tracklist
01. I’m Here You’re There
02. Oh You Little One
03. Darkness
04. Alabama
05. Firefly
06. Keep All Your Lovers
07. Time
08. Holy Roller Coaster
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