On a failli oublier le nouveau Anna of The North, c’est dommage

Anna of the North - Crazy LifeDepuis qu’on a découvert la jeune norvégienne, c’est la première fois qu’on se fait avoir. Malgré les alertes promo, on a laissé filer la date de sortie du nouvel album d’Anna of The North et on ne sait pas quoi faire pour se rattraper. Crazy Life succède à Dream Girl, disque sorti en 2019 et qu’on avait écouté comme on déguste des macarons, un peu coupables mais en laissant ostensiblement les miettes sucrées nous tomber sur le tee-shirt dans l’idée de les bouffer un peu plus tard. Ce disque était une horreur délicieuse : pop en diable, dansant et enlevé, léger comme une plume ou une petite culotte de coton.

On ne s’est jamais caché qu’il y avait une dimension érotique inévitable dans l’attrait qu’on éprouvait pour Anna Lotterud. Prétendre le contraire serait absurde tant il est évident, avec ce genre de chanteuse, qu’on ne peut aborder « la musique pour la musique » en faisant abstraction du cadre dans lequel elle se présente. Cet effet est encore amplifié avec ce nouveau disque qui réussit la parfaite fusion entre Stina Nordenstam et la Kylie Minogue de la première moitié des années 90. Crazy Life est infectieux et d’une facture mainstream affligeante. Anna of The North achève sa (tentative de) mutation en tant qu’artiste addictive et superficielle, tout en conservant cette allure de personnage de pub Woolite venu du Nord qui lui confère un soupçon de légitimité. Pour ceux qui ne lisent pas entre les lignes il faut entendre que la chanteuse n’en est pas encore à se trémousser à demi-nue ou en maillot de bains sur les clips… mais que c’est tout comme.

Crazy Life est juste un pénible disque pop ligne claire sur l’amour monogame, un disque heureux et sentimental, dont la plupart des titres décrivent ce qu’on éprouve quand on a trouvé un copain américain cool, bien membré et qui porte la veste en jean avec allure entre deux virées à la campagne pour ferrer des chevaux. C’est un peu nul mais sur chaque note, sur chaque inflexion de voix, ABSOLUMENT CHARMANT, parfaitement pop et inoffensif.

I Do You est accompagné d’un clip hallucinant qui mériterait d’être interdit pour incitation à la pédopopnographie.

Sur le single Living Life Right, qui ferait passer Angèle pour une riot girl, Anna of The North est sujette au doute et à des idées noires. Son boyfriend ne lui parle presque plus. Est-ce qu’il y aurait un truc qui cloche ? Cela donne une chanson remarquable mais au texte qui renvoie plus à un hors série de Grazzia sur l’incommunicabilité dans le couple qu’à de la vraie poésie.

I know what you mean
When you’re not saying anything
I know how it feels
When you’re close to giving in
It’s so hard to see things clear
When there’s a cloud inside your head
And it won’t go away, away

So tired, try to close my eyes
Laying wide awake at night
I’m fine, but at the same time
It feels like I’m not living life right
Something, always looking for something
To try to fix what is broken
It’s leaving me with that hole
Maybe I’m not living life right

Anna of The North se pose les mêmes questions que Lana Del Rey mais sans tout le bazar rétro-chic et vaguement sensuel qui entoure la princesse pop de la Nouvelle Amérique. Ca donne des couplets trop cool à se taper la tête contre les murs comme ce refrain sur l’assez génial No Good Without You :

… I’m no good without youI’m no good without youAnd I just don’t know howTo do it without youTo do it without youNo, I just don’t know how

Est-ce qu’on en est vraiment encore là ? Oui, il semblerait. Ce disque est de nature à rassurer tous les goujats, les serial lovers et les machos. Ils ont encore de beaux jours devant eux, tant qu’il y aura des nanas qui envisageront l’amour avec ces étincelles débiles dans les yeux et ces coeurs d’artichaut. Dandelion est la chanson la plus conne et craquante depuis que Lorie a pris sa retraite.

If you love someone you should set them freeMaybe one day you’ll come back to meAnd you can tell me all about what you’ve seenDandelion flyin’ in the street

On ne va pas faire une critique en bonne et due forme de ce disque, ce qui nous obligerait à le noter et probablement à le ranger dans la rubrique Soup Music, alors qu’il est tout simplement réjouissant, frais comme l’eau et excellent de bout en bout. Meteorite (avec Gus Dapperton absolument remarquable dans ce duo à l’eau de rose surréaliste) nous donne envie de retourner au lycée. 60 seconds au collège.

I just wanted you to knowI’m not the girl I used to be beforeSeasons changed and winter got me bored‘Cause we don’t ever see the sun no moreI just wanted you to knowI hope you find what you are looking forNothing lasts forever, I promise you’ll feel betterI always keep an open door

C’est beau comme du Wejdene en anglais, tellement plus sexy, fréquentable et exotique. Qui dit mieux ?

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