Le RnB contemporain, qui n’a pas grand-chose à voir avec le Rythm and blues des années 1950, si ce n’est pour certains artistes l’origine ethnique afro-américaine, se décline dans différents sous genres et se maintient dans le top des ventes pour une musique aussi-bien commerciale que plus élaborée. Le premier disque solo du guitariste du groupe belge Balthazar est assez novateur en cassant les codes et en évitant les clichés souvent récurrents dans ce style musical. Conçus dans une orientation rythmiquement élaborée avec le recours aux machines et percussions, les morceaux de Jinte Deprez sont plutôt dansants et lumineux. Grâce à la combinaison de riffs répétitifs de guitare africaine mêlées à des lignes de basses hypnotiques dans l’esprit Dub et des successions d’accords assez simples joués aux claviers, les 10 titres de cet opus développent une atmosphère envoutante mais sans être dark. L’ambiance est aussi planante, nonchalante et il faut aussi se l’avouer… ça se la pète un peu ! Effectivement le RnB d’aujourd’hui rime avec bling-bling, look et attitudes hipster et métrosexuels. La barbe quoi ! Vous ne pouvez pas la raser ? Non mais ! Bon revenons aux sensations tout aussi épidermiques, mais sur le plan musical procurées ici par l’écoute de ce disque. J. Deprez qui a choisi J.Bernardt comme pseudonyme pour signer ce disque, (c’est un nom comme les autres et surement très original en Belgique) chante dans le pur esprit des productions de ses confrères musiciens tels que Jamie Woon, James Blake, ou encore Fink pour le côté sensuel, cool et rebelle. Ses morceaux sont moins froids et moins profonds que certains titres de Jamie Woon ou de James Blake et le tout, en termes de composition, est moins élaboré, donc plus accessible que les créations de ces deux autres jeunes artistes. La production reste néanmoins assez soignée : de vrais ou faux cuivres (nous vivons dans l’ère des machines…) apparaissent de temps à autres au détour d’un refrain venant offrir la touche jazz-soul-lounge minimaliste notamment sur le morceau instrumental intitulé Motel. Les parties batteries (humaines ou électroniques ?) ont parfois un côté Afro Beat lorgnant vers les patterns de Tony Allen. Le titre assez mélodique mais peu original The other man est accrocheur tout en étant assez décevant de par sa simplicité harmonique ; il en ressort tout de même une énergie forte, presque martiale avec un chant moins hip-hop, plus pop se rapprochant de certaines sonorités du talentueux chanteur/guitariste Nick Mulvey. L’un des morceaux les plus réussit est The Question avec pour originalité une boucle de guitare africaine, mêlée aux percussions également jouées sur un rythme traditionnel africain soutenant un chant à mi-chemin entre la scansion rap et une mélodie vocale pop plus fluide. Ce titre s’ouvre également sur des youyous arabes lui donnant une dimension tribale, faisant ainsi un clin d’œil à l’origine africaine des musiques actuelles occidentales. C’est vrai quoi, pendant que l’on se gave de tapas en sirotant des mojitos après avoir péniblement flâné dans un mall qui affiche toutes les richesses produites dans le tiers monde (chemises, chaussures, lunettes Ray-Ban et autres…) on peut tout de même rendre un petit hommage à cette lointaine musique d’esclaves qui nous fait supporter notre pauvre condition d’occidentaux névrosés. Amen.
J. Bernardt – Calm Down
J. Bernardt – The Other Man
02. Calm Down
03. The Other Man
04. The Question
05. High Low (Interlude)
06. Wicked Streets
07. My Own Game
08. The Direction
09. Motel
10. Running Days