Kevin Morby / Sundowner
[Dead Oceans]

8.5 Note de l'auteur
8.5

Kevin Morby - SundownerA chaque fois que Kevin Morby annonce la réalisation d’un nouvel album, et c’est souvent puisqu’il en réalise un tous les ans ou presque depuis 2013, on se demande bien ce qui pourrait encore conférer de l’intérêt à cette énième production. De surcroît en ces temps troubles, alors que l’avenir du monde semble suspendu aux résultats des élections américaines (ce qui pourrait être risible lorsqu’on voit l’inflation du taux d’abstention à chaque élection locale) et que tout un chacun est obligé de se replier sur lui-même, on peut s’interroger sur la pertinence du propos de ce blanc-bec. Probablement même que, dans ce contexte, nombre accueilleront Sundowner (Dead Oceans) avec une moue désabusée.

Mais une fois encore, la magie opère avec Morby. Cette fois-ci, les amplis sont débranchés et les chansons se dressent dans leur plus simple appareil. On en a déjà marre des albums de confinement, mais nul doute que celui-ci, qui a pourtant été composé dans la solitude, est irradié d’une lumière bienveillante. Instrumentation exclusivement acoustique, arrangements discrets (un piano, un violon, le chant des oiseaux, etc), presque pas de rythmique à part une batterie neurasthénique et très ponctuelle, une guitare et la voix sans effet ou presque : il suffit de peu pour que Morby communique ses émotions à travers des histoires où on croise son bestiaire familier. On finit presque par tout connaitre de ses proches et de ses errances sentimentales. On parcourt Sundrower comme la lettre d’un parent resté au pays et nous donnant des nouvelles de ceux qu’on connait. Cette proximité est un formidable réconfort. Mais au-delà de cette relation privilégiée, l’Américain est un narrateur hors-pair qui sait magnifier le quotidien avec moult imagerie et détails croustillants au fil d’une mélodie à tiroirs qui joue essentiellement sur la scansion et les inflexions du chant. Même à poil, confiné dans la chambre d’un motel avec pour seul compagnon une guitare en bois, ce type est capable de nous embarquer.

On en doute à chaque fois, mais décidément, cela fait un bien fou d’écouter un cow-boy triste quand il a ce talent.

Tracklist
01 – Valley
02 – Brother, Sister
03 – Sundowner
04 – Campfire
05 – Wander
06 – Don’t Underestimate Midwest American Sun
07 – A Night At The Little Los Angeles
08 – Jamie
09 – Velvet Highway
10 – Provisions
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