Klô Pelgag appartient à cette lignée de chanteuses contemporaines qui n’en font qu’à leurs têtes. En connivence indirecte avec Léopoldine HH ou Mira Cétti, la Québécoise s’amuse à entrelacer les idées fofolles, à briser rythme comme ambiance, à rebondir dans le frivole ou l’inquiétante lucidité (au gré des envies).
Car L’étoile thoracique, deuxième album de Miss Pelgag, ressemble à un terrain de jeux, à un chantier qui s’organise selon l’humeur de l’intéressée. Il faut trouver son propre chemin dans cette musique qui n’entend guère servir du réchauffé, mais l’effort est justifié : les arrangements, de prime abord bizarres ou trop copieux, révèlent ensuite, au fil des écoutes, une logique assez imparable ; l’atmosphère inconstante (rire ou pleurer ?) s’achemine tranquillement vers le journal intime aux pages arrachées.
Klô Pelgag en dit beaucoup sur elle, mais semble flouter chacune de ses intentions (d’où des paroles qu’il est bon d’écouter avec le livret sous les yeux). Chez d’autres, ce serait monstrueusement arty. Pas ici. Une pudeur se perçoit – cette nécessité à transformer en secret ce qui pourrait clairement s’énoncer.
Faire de chaque chanson un territoire intime ? D’accord, du moment que les différentes interprétations brouillent le sens initial. Une méthode casse-gueule qui devrait normalement virer à la poésie absconse, à l’enfilade de métaphores climatiques. Or, Klô Pelgag maîtrise les mots ainsi que leur pouvoir évocateur. Par divine magie, elle évite le trop littéraire, le brumeux, les joliesses crispantes. Sans doute car la compositrice ne dévie jamais d’un thème ou d’un sujet qu’elle conçoit, comprend, ou bien qui la taraudent. Elle a beau crypté ensuite le propos, l’auditeur sent bien que l’innocence n’est pas de mise, ni le filoutage : si les textes refusent de clairement se dévoiler, la voix, de son côté, remet constamment les points sur les i ; le chant rameute, quoi qu’il arrive, la joie ou la tristesse ayant déterminé la confection des morceaux.
Klô Pelgag ne peut écrire que sur le mode impudique, à condition de se protéger, d’y inclure des doubles ou des triples sens. Cette vertu permet à L’étoile thoracique de revenir à son essentiel : des chansons simples, très pop (bien qu’un peu longues), chantées avec sincérité. C’est déjà beaucoup.
Klô Pelgag – L’étoile thoracique
L’Étoile thoracique by Klô Pelgag
02. Les ferrofluides-fleurs
03. Le sexe des étoiles
04. Les instants d’équilibre
05. Au bonheur d’Édelweiss
06. Incendie
07. Les mains d’Édelweiss
08. Les animaux
09. Chorégraphie des âmes
10. Au musée Grévin
11. Insomnie
12. J’arrive en retard
13. Apparition de la Sainte-Étoile thoracique