Lèche Moi tire sur la corde shibariste avec Libera Me

Lèche MoiMême si on n’est pas familier des pratiques shibaristes, il est assez probable que le clip qui accompagne ce nouveau morceau des Lèche Moi ne nous laisse pas indifférent. Le groupe, toujours composé d’une blonde et d’un chauve (mais on s’en fout), s’était signalé l’an dernier à la même période par un premier EP dont on avait rendu compte et qui avait installé ce dispositif assez fascinant mêlant musiques électroniques, influence gothique et un chant éthéré, qui tient autant de Lisa Gerrard que d’Enigma.

Rebelote sur ce Libera Me à la fois terrifiant, romantique et assez sensuel. La musique accompagne dans sa progression délicate et millimétrée l’accomplissement du rituel amoureux qui consiste à ficeler son partenaire dans une grande geste symbolique. Le shibari est une sous-catégorie du bondage (lui-même considéré comme une catégorie au sein des pratiques sado-maso) qui peut s’accompagner (ou pas) de jeux sexuels mais renvoie à la pratique de l’emballage du colis, à travers le dessin de figures géométriques avec les cordes (en jute ou en chanvre).

Très codifiée et esthétique, la discipline entre ici en résonance avec une musique mi-organique, mi-synthétique et un chant réduit à sa plus simple expression : une plainte de femme et de fantôme qui appelle à sa libération… par l’amour, l’orgasme ou la mort, ce qui revient à peu près au même. La musique de Lèche Moi travaille sur l’énigmatique extrême, l’application délicate des tensions et le souffle lié au relâchement. On peut évidemment trouver cela oppressant mais aussi y voir une forme de beauté pure et parfaite. Libera Me annonce l’album du groupe (annoncé pour janvier 2019 chez Atypeek Music) qu’on imagine comme une plongée en eaux profondes dans les tourments de la condition humaine.

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