[Les filles font le printemps #5] – Le délicieux ventre mou de Tanya Donelly

Tanya Donelly50, c’est le nombre de printemps que fêtera Tanya Donelly le jour de la fête nationale, le 14 juillet. On ne nous dira pas qu’on réserve cette séquence des « Filles font le Printemps » uniquement aux jeunettes et aux midinettes, même si cela nous fiche un sacré coup de vieux de réaliser que l’une de nos chanteuses favorites depuis… mmmm… un bail célèbrera bientôt son demi-siècle. Figurez vous que Donelly est fraîche comme le vent et que si son CV est devenu au fil du temps l’un des mieux garnis de l’histoire du pop rock américain, elle n’en est pas pour autant rangé des affaires. Son sex-appeal sort renforcé de ses maternités et de ses années de retraite, tandis qu’elle n’a rien perdu de sa grâce et de son flair mélodique.

Après les Throwing Muses, qu’elle co-fonda avec sa soeur d’adoption Kirstin Hersh (la soeur du second mari de sa mère, si mes souvenirs sont bons), un passage de deux ans chez les Breeders puis une série de jolis albums au sein de Belly qu’elle vient juste de reformer,  Tanya Donelly s’est offert un break avant de redémarrer une carrière solo en 2012-2013 de manière ultraconfidentielle. Les plus fidèles, dont on était, l’ont ainsi suivie au travers de la mise en ligne de quatre ou cinq albums de chansons écrites en solo ou avec des amis et rassemblées dernièrement dans un triple CD chez American Landromat Records. Les 3 disques reprennent la quasi intégralité des morceaux sortis depuis 3 ans et s’intitulent également la Swan Song series, titre élégant mais complètement inapproprié si on tient compte du fait que Donelly y affiche une forme splendide et qui ne s’apparente en rien à une fin d’exercice.

Si le Mass Ave qu’on met en avant ici (faute d’autre matière en clip) est connu depuis l’origine, il ne représente que l’une des dimensions présentes sur ce disque : la veine folk de la grande dame. La belle Tanya, dont la voix est un trésor national, livre au travers de cette cinquantaine de morceaux un échantillon insensé de ses talents de songwriter dans un registre qui s’étend de la folk au rock en passant par une sorte de pop dynamique ultrarythmée et séduisante qui prospéra notamment au milieu des années 90. Tanya Donelly, c’est l’intelligence faite femme, une forme de séduction éternelle qui s’appuie sur une chevelure blonde ondulante et un mélange de sensualité et de romantisme sans équivalent. La chanteuse enquille des tubes potentiels (l’imparable Lucky Love) et des chansons, majoritairement sur le 3ème CD notre préféré, plus typées indie rock où les guitares font un peu plus de bruit. L’ensemble est plutôt guilleret et primesautier (ce qui sied parfaitement à notre série), même si pas complètement exempt de mélancolie. Etrangement, le temps qui passe ne fait pas partie des thèmes de prédilection de Donelly, ce qui témoigne peut-être de sa capacité étonnante à ne pas vieillir ou du moins à ne pas en faire état.

Tout n’est pas d’égale valeur sur ces trois disques bien entendu et on trouve un affreux ventre mou country rock qui nous rappelle les défauts de la dame : à trop manier la guitare pour épater, on tend parfois à trop d’uniformité. Il n’y a rien qui ressemble plus à une guitare acoustique qu’une guitare acoustique, à une belle chanson qu’une autre belle chanson. Le seul défaut qu’on lui reprochera est celui d’être tout aussi peu décidée qu’à vingt ans et de n’avoir jamais eu la concision (exception faite de ses premiers pas chez les Breeders) des Pixies qu’elle aime tant. Donelly prend son temps et aime fait durer les choses. Ce n’est pas une mauvaise manière de parvenir à ses fins.

Recevez chaque vendredi à 18h un résumé de tous les articles publiés dans la semaine.

En vous abonnant vous acceptez notre Politique de confidentialité.

More from Benjamin Berton
Agathe rentre chez elle un peu triste à 6 heures du matin
Il y a celles et ceux qui regardent la ville qui s’éveille....
Lire la suite
Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *