Un autre enregistrement de Mac, le second cette année sous ce blase solo, et une belle pièce à vrai dire. Le premier morceau est familier, paresseux et il chaloupe comme à l’accoutumée. Car avec Mac DeMarco c’est cela, une question de coutume, de confiance, de sérénité. D’habitude, de familiarité. On peut chiller sans problème entre amis sur ses morceaux, c’est un fait. Cet homme a écrit la BO parfaite pour tous les apéros du monde.
Cependant quelque chose tranche dès le deuxième titre : un clavier. Des claviers. Les tempos langoureux ne sont pas nouveaux, mais là Mac nous gratifie d’un titre mélancolique et orphelin de toutes ses guitares swing peroxydées de chorus. Ici le piano électrique est partout, et une nostalgie VHS s’empare de nos âmes. Des images nous viennent à l’esprit, vite chassées par la guitare couplée aux synthés du troisième titre (No Other Heart). Encore une chanson d’amour cheesy mais acceptable. Une pop-song lo-fi, la BO parfaite d’un apéro sur le canal Saint-Martin. Cela cocotte le déjà-vu, le flash-back, oui. C’est écrit cinq lignes plus haut. Et cela se répètera cinq lignes plus bas.
La musique du jeune Demarco distille toujours le même éther doucereux flottant sur des nuages de flemmes. Des morceaux ayant la fraicheur tropical de Théo Blaise Kounkou et le kitch pleurnichard de la BO de Twin Peaks. Encore des images, des films, car oui, Mac est peintre finalement. Un impressionniste pour être précis. Touche par touche, sans soucis des détails parfaits, il dresse des tableaux de vie adulescente. Avec souvent un penchant pour les fins d’après midi entre amis, il est le meilleur pote que tout le monde rêverait avoir à son barbecue. Cependant il n’en refoule pas pour autant son coté philanthrope. Malgré le solo jovial de I’ve been waiting for her il garde toujours sous le coude une complainte matinée de larmes passés. Des films d’enfance plaqués sur des claviers.
Et cela fonctionne encore, ce compromis entre songwriting plombé de pathos et guitares aux chorus enthousiastes chargées pour la fête. La clef de cette alchimie est My House by the Water, dernier morceau, une pièce au bord de l’eau sur fond de clavier tordu. À la fin de ces notes tristes comme un charlot il nous invite à passer le voir à son adresse près de l’eau. Le gars Mac a pas mal écumé les scènes depuis deux ans. Icône du teenage-swag en Vans, il cherche la quiétude. À vingt-cinq ans il a déjà un beau parcours derrière lui, pavé de reviews Pitchfork et de concerts à la Route Du Rock. Cet EP n’est pas mauvais, ni bon, juste introspectif et cela on doit le respecter. Les guitares et le chorus sont là, les mélodies amoureuses aussi. La recette reste la même, mais laissons le chef changer de marmite. Il le mérite.
02. Another One
03. No Other Heart
04. Just Put Me Down
05. A Heart Like Hers
06. I’ve Been Waiting For Her
07. Without Me
08. My House by the Water