La voix est un peu plus forte et fière que par le passé, l’orchestre est plus fourni et la musique moins synthétique. Pour le reste, c’est bien Marble Sounds qu’on retrouve à travers ce premier single du futur Tautou, le nouvel album du groupe qui sortira à la mi-janvier.
De ce côté-ci des baraques à frites, pas grand monde ne connaît encore Marble Sounds, si ce n’est ceux qui fréquentent les bonnes chapelles critiques. Et pourtant, le groupe a commercialement explosé… au Bénélux à la faveur de son précédent (et second) album, son leader Peter Van Dessel (également une moitié du duo Plastic Operator, qui nous avait enchanté il y a quelques années en mode électronique) étant enfin reconnu pour ce qu’il est : un compositeur pop remarquable et qui sait trouver le plus court chemin du couplet au refrain.
Marble Sounds, c’est la pop à l’état brut, élégante, légère et éminemment nostalgique, une forme de délicatesse qui sied tout à fait à la personnalité discrète et rêveuse de son leader. Pop gentille donc, mais aussi pop profonde (et un peu triste aussi), soignée à l’extrême (avec des clips somptueux) et dont les écoutes répétées enrichissent à chaque fois l’émotion. Ils se comptent sur le bout des phalanges ceux qui ont osé proposer dans un disque pop une reprise des sombres Sophia. C’était l’une des audaces (réussie et récompensée) du précédent LP que d’avoir placé, mine de rien, un Ship In The Sand magistral sans avoir l’air d’y toucher.
Avec The Ins And Outs, titre fringuant et haut en couleurs, on craint un peu que le succès rencontré aux Pays-Bas et en Belgique n’ait changé un peu la donne. Le titre est enlevé, bien construit mais produit comme une grosse cylindrée. C’est avec cette peur du « devenir Coldplay » qu’on abordera ce nouvel album, tout en sachant qu’un type comme Van Dessel a très peu de chance de se fourvoyer et de sombrer dans l’uptempo larmoyant à la Chantilly. On attendra donc 2016 avec un optimisme résolu et une envie de se laisser emmener par ces mélodies sucrées.