Robyn / Honey
[Konichiwa Records / Island Records]

4.5
4.5

Robyn - HoneyNous pensions que Robyn n’allait jamais revenir au format album. Collaborant, sur des EP tous géniaux, avec Röyksopp, La Bagatelle Magique ou Mr. Tophat, la Suédoise s’affranchissait de son intimidante position de « Madonna des années 2000 », de même que la musicienne cherchait à retrouver une liberté artistique d’autant plus importante qu’elle y cassait son usine à turbines pop afin de privilégier les atmosphères longilignes, l’électro maussade, le réveil après la grosse fiesta.

Les fans de Robyn, très nombreux, exigeaient cependant un véritable nouvel album de la star. Et cette dernière, qui n’a jamais triché avec son public, se devait de lui offrir un come-back. Sujet de la chanson Missing U, qui ouvre l’arlésienne Honey sur un mode sincère mais alangui : le refrain se traîne, l’électro-pop s’extrait d’une décennie lointaine, l’apport de Joseph Mount tire le morceau vers une sorte de house éthérée.

Car Robyn, pour son retour aux affaires, n’entend guère délivrer un banal reboot de sa trilogie Body Talk. Sur neuf titres, aucun ne cherche à tutoyer les sommets pop de Dancing on my Own ou Call Your Girlfriend (sauf Ever Again, qui termine l’affaire en pied de nez). Ici, la tech house s’étire, s’avachie, se perd dans la rêverie ou la confession limpide. Il s’agit de créer une ambiance dansante pour auditeurs ne sachant pas danser. Un disque de chambre qui se veut réconfortant – les mots s’entendent bien plus que la musique ne s’écoute. Des chansons pour geeks, donc…

D’où problème : en 89 ou 90, Honey aurait caracolé dans la liste des meilleurs albums de l’année – copinant avec les Pet Shop Boys de Behaviour ou le Protest Songs de Prefab Sprout. En 2018, on connaît la chanson, les intentions, le spleen s’y affairant, les contours de l’histoire comme le virage downtempo d’un artiste réputé. Sans même aborder la question de l’électro vintage, un éternel revival qui commence à sérieusement nous lasser…

Robyn est une grande artiste, c’est entendu. En 2018 pourtant, elle ressemble à une grand-mère nous récitant d’anecdotiques histoires dont on se contrefout un peu (mais que nous écoutons par bienveillance, avec respect).

Tracklist
01. Missing U
02. Human Being (feat. Zhala)
03. Because It’s In The Music
04. Baby Forgive Me
05. Send To Robin Immediately
06. Honey
07. Between The Lines
08. Beach 2K20
09. Ever Again
Écouter Robyn - Honey

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2 Comments

  1. says: bir

    Yo Jeannot,

    Je sens comme une envie de fête chez toi. De plus tu emploies le terme geek pour définir l’isolement contemporain, alors que téléphone cellulaire aurait eu une meilleure consonance.

    « électro-pop extraite d’une décennie lointaine » dont tu parles avec lassitude est un envol éthéré dans la delorean d’Everything But The Girl, époque « Walking Wounded » et « Temperamental ». Je sais c’est trop loin cette décennie, tu penses fallait téléphoner dans une cabine.

    Voilà certes cela ne nous rajeunis pas comme sonorité, d’autant plus que cet opus (ohhhhhhhhh que c’est vieux) possède en sus (oOoh mais quel goujat, hashtag meetoo direct) une approche très conteporaine de la dream pop. Mais sinon mon garçon avec ton choco BN tu veux du jus de pomme et un bisous de mamie Robyn ; )

    1. says: Jean Thooris

      Merci Bir pour ce commentaire très enjoué ! Je sens une envie de fête chez vous, aussi !
      Pour le reste, c’est sympa de voir une allusion à l’isolement contemporain – mais ce n’était pas du tout le propos de l’article.
      Très bien également de revenir vers Everything but the Girl, un groupe toujours contemporain. Sans rapport avec une quelconque DeLorean, au passage…
      Votre référence à Meetoo doit certainement détenir un sens. Je ne vois pas encore lequel, mais pourquoi pas ?
      Choco BN ? Là, sauf votre respect, vous vous plantez de personne et de décennie. Sorry !
      Toujours surprenant, mais agréable, de lire des commentaires « contre » l’avis exprimé dans un article. Acte légitime, et nécessaire même. Rappelons cependant que tout est subjectif, qu’un article ne détient aucune vérité. Et que le débat, si débat il y a, doit au moins posséder des arguments clairement exposés (un minimum lisibles, SVP).

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