Le nouvel EP du musicien électronique Roboy aurait été composé pour préparer des interventions lors d’une tournée réalisée dans des écoles primaires et maternelles de la périphérie du Mans. Sorte de EP live ou assimilé, le Soleil Ne Te Sauvera Pas, disponible sur le Bandcamp de l’artiste (voir ci-dessous), est une merveille qui rappelle à quel point l’ancien membre de No Grizzly est doué et précieux sur chacune de ses apparitions. On ne sait pas si les enfants ont été émus aux larmes à l’écoute de ces pièces ou simplement bouleversés mais on peine à imaginer l’impact de ces compositions sur un si jeune public. Est-ce que certains ont décidé de devenir des robots à l’issue ou d’aller voir Blade Runner au cinéma ? Est-ce qu’ils ont formé un groupe ou négocié des neurones amphét à la récré ? Le final de Paris-Milan est un mirage expérimental et grésillant qui fait entrer dans un univers alternatif absolument fascinant.
En seulement quatre pièces dont une reprise du Faire Pleurer Les Punks du héros local Jean-Luc Le Ténia, Roboy réalise un nouveau sans faute, élégant, passionnant et résolument moderne, bâti autour de progressions subtiles et de collages sonores millimétrés et géniaux. Le morceau titre sonne bon l’Italien, les ambiances grotesques et charnelles de Boccace ou les comédies sociales de Pasolini. Avec Le Mois de Mars, on prend un bol d’air pur et synthpop qui rappelle les grandes heures de Air et consorts, avant que la rétro-terreur ne règne sur l’univers minimal et sensible du Ténia. Seul à faire pleurer les punks. La reprise est impeccable, étouffée et comme dérobée à la mort.
Voilà exactement ce à quoi doit ressembler la musique électronique : un bal à faire danser les spectres.