C’est un sentiment que chaque Français a découvert récemment en découvrant sa feuille de salaire après la mise en place de l’impôt à la source. Même si mathématiquement cela ne change rien en fin d’exercice, cela fait un choc de constater que le virement mensuel est moins élevé que les mois précédents. Dans le doute d’avoir encore assez de liquidités à la fin du mois, c’est le budget disque mensuel qui est rogné.
On imagine que c’est forcément une raison de trésorerie du même ordre qui a poussé Barney et ses deux acolytes à réactiver le tiroir-caisse compléter la pléthorique discographie de New Order par un énième album live. Ou alors, c’est juste pour faire de l’ombre à leur ancien acolyte Peter Hook qui, avec la même légitimité et sans plus de vergogne, a profité de l’occasion offerte par les concerts qu’il donne à travers le monde avec son fiston et une bande de pistoleros (sous le sobriquet Peter Hook & The Light) en piochant dans le répertoire de New Order – et de Joy Division, tant qu’à faire. L’intégrale y est passée ou presque. On attend qu’il en fasse autant avec Revenge (non, pas Monaco, faut pas déconner quand même).
Bref, comme on en a déjà tellement entendu sur le plus-grand-groupe-de-Manchester-donc-du-monde, on ne doute pas trop de leurs motivations à réaliser un album de dix-huit titres qui n’apprendra rien à personne sur leur discographie – et confirmera l’adage « c’était mieux avant ». L’astuce consiste juste à trouver le prétexte qui ne soit pas trop moche pour duper le fan quadra (quinqua ?!). Et quoi de mieux que de réactiver la boite à souvenirs pour ce faire ? Les cinq concerts dans le cadre du Manchester International Festival au Old Granada Studios, était donc une aubaine : oui, c’est là que l’histoire de Joy Division a débuté avec une apparition à la télévision pour le programme Tony Wilson’s So It Goes en 1978.
Joy Division + Manchester + 80’s + Tony Wilson + Factory Records = top crédibilité ? Sur le papier indéniablement.
Mais au plan musical – et c’est quand même ce qui devrait motiver l’achat d’un disque – ce qui reste de New Order avec leur pote Tom Chapman embauché pour pallier le départ du dissident, ça s’annonce mal à l’écoute de cette version bien vilaine de Sub Culture que vous vous fadez depuis que vous nous lisez. Et cette interprétation poussive est tellement longue que même la lecture d’un article de Benjamin Berton n’y suffirait pas pour en venir à bout. Espérons qu’ils n’aient pas réservé le même sort à Disorder, titre-phare de Joy Division que cette branche là de New Order n’a pas interprété en live depuis plus de 30 ans – Ian Curtis ne s’en remettrait pas.
Le seul truc qui peut paraître génial, c’est le titre du projet : ∑(No,12k,Lg,17Mif) New Order + Liam Gillick: So it goes (Mute Records, sortie le 12 juillet). Une codification cryptique qui renvoie aux délires arty de Peter Saville. Comme l’objet va coûter l’équivalent d’un an de contribution à la CSG, il va falloir choisir entre l’édition triple vinyle, le double CD, le concert au Grand Rex (Paris) le 11 octobre 2019 ou régler les frais de scolarité pour la rentrée des enfants.
02. Who’s Joe (Live at MIF)
03. Dream Attack (Live at MIF)
04. Disorder (Live at MIF)
05. Ultraviolence (Live at MIF)
06. In A Lonely Place (Live at MIF)
07. All Day Long (Live at MIF)
08. Shellshock (Live at MIF)
09. Guilt Is A Useless Emotion (Live at MIF)
10. Subculture (Live at MIF)
11. Bizarre Love Triangle (Live at MIF)
12. Vanishing Point (Live at MIF)
13. Plastic (Live at MIF)
14. Your Silent Face (Live at MIF)
15. Decades (Live at MIF)
16. Elegia (Live at MIF)
17. Heart & Soul (Live at MIF)
18. Behind Closed Doors (Live at MIF)
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