L’aventure du nouveau Frustration a démarré par la mise en ligne il y a quelques jours d’une splendide peinture du peintre néo-réaliste Baldo, illustrateur officiel du groupe depuis l’origine. La scène assez fascinante, représente (quelque part dans le monde communiste, en Chine peut-être) le goudronnage d’une route par une machine de voirie au milieu de champs de blé. Le ciel est gris et la frustration est d’or. Le titre de l’album, So Cold Streams, n’apparaît pas sur la pochette, soulignant cette idée d’un nouveau départ, d’un nouvel horizon, d’un album presque éponyme par lequel le groupe se réinvente.
A cette pochette, a succédé assez vite la mise en vente du disque, en vinyle et CD, sur le Bandcamp du groupe. L’album est annoncé pour le 18 octobre, accompagné de sa tracklist qu’on reproduit ci-dessous et par un long texte qui présente les enjeux de ce nouveau disque. Neuf titres aux connotations révolutionnaires et qui composent un album annoncé comme radical, extrême et violent, inspirés au groupe par une remise en cause profonde de leurs « acquis ». Frustration aurait pu se contenter de décliner sa formule patrimoniale (ceux que d’aucuns lui avaient reproché à tort sur Empires of Shame) mais secoués par la réalité, sociale, politique, économique probablement mais aussi par des rencontres artistiques telles que celle, déterminante, avec les membres de Sleaford Mods et Jason Williamson, le chanteur et parolier, en particulier, ont préféré rebattre les cartes de leur musique et se réemparer de leur liberté créatrice. Révolution de palais donc, et éruption de colère volcanique semblent au programme, laissant présager d’un véritable déluge de mots, de sons et de rage mêlés.
S’il est de bon ton dans ces accroches « marketing » de vendre le changement le plus profond possible, on ne doute pas que Fabrice Gilbert et les siens n’emploient pas ces mots, ce ton et ces termes au hasard. La sobriété de l’approche, sa sincérité frontale ne font que renforcer notre attente et notre envie d’être rincés par ces So Cold Stream qui viendront avec l’automne. Histoire d’attendre un peu, on réécoutera les premiers frissons musicaux émis par la friction des franciliens et des punks de Sleaford Mods, il y a trois ans de cela à la Villette.