Celui-ci vaut son pesant de cacahuètes sur le net aujourd’hui et c’est le premier disque de hip-hop qui sort après une quinzaine de répétitions de l’exercice. Ce n’est pas un mauvais tirage : c’est l’album des premières fois. Rap, Ultra-violins and Beatmaking est la première apparition en tant que beatmaker indépendant d’Al’Tarba. La pochette indique d’ailleurs qu’il s’agit d’Al’Tarba de la Droogz Brigade. Pas sûr que le groupe soit alors beaucoup plus connu que le jeune compositeur. On est en 2007 et le palmarès de tous ces jeunes gens est, si je ne me plante pas, encore à peu près vierge. Ce qui n’empêche pas le Toulousain d’aligner sur les 21 tracks destinées à montrer ce qu’il sait faire un casting de premier choix. La sélection est tournée vers le hip-hop américain. Sans l’avoir réécouté, je me souviens que la prestation des new-yorkais de Nems sur what it do en plage 5 était une tuerie old school. Al’Tarba met en place ici son beatmaking, mélange de classicisme hardcore et de délicatesse qui donnera les chefs d’œuvre d’abstract qui suivent. D’une manière générale, ce premier disque est assez rentre-dedans et incisif. What it looks like est un track qui rappelle les productions du Wu Tang Clan de l’époque et l’on se rend compte que les Français dès l’origine sont au niveau. Le disque bénéficie d’ailleurs du renfort de Raekwon sur Enemy Remix, titre dont je ne me souviens plus bien. L’album est aussi une curiosité pour l’apparition sur CD de la Droogz Brigade qui signe ici son premier classique, un Moloko Rap, déchaîné et encore un brin brouillon. Le son est crade mais on ressent l’énergie et l’enthousiasme derrière, ainsi que la volonté d’aller vite et de frapper fort. Difficile avec le recul d’isoler des morceaux plus que d’autres mais on a gardé quelques préférences pour le TwentyFourSeven des Anglais de Apes In English (groupe porté disparu depuis…. cette année là) et le sinistre NightStalkers qui mêlait justement la Brigade et Mr Morbid. Le morceau est costaud et terrifiant, symbole sonique quasi parfait du greffage qui s’opère entre le rap US et celui du Sud-Ouest. A bien des égards, ce morceau est historique. C’est l’une des premières fois où on a le sentiment que des Français, dix ans après, sonnent et font aussi bien que Gravediggaz.
Al’Tarba fera mieux par la suite mais ce disque est un splendide témoignage de ses débuts, un bel exercice de style et d’affirmation de virtuosité.