C’était une surprise pour tout le monde et plutôt une bonne. Après un Beneath The Eyrie qui se tenait et une tournée appliquée, le groupe de Frank Black a mis en ligne, sans annonce préalable, trois démos tirées des sessions de son dernier album. Téléchargeables en version numérique only, et en série limitée, les trois fichiers/chansons sont parti(e)s comme des petits pains, ne laissant sur la toile qu’une trace fugace (mais tout de même complète) de leur passage. Possible que la sortie intervienne pour refaire parler des Pixies avant quelques dates à venir au Japon. Toujours est-il qu’on a pu écouter les trois morceaux, Chapel Hill, The Good Works of Cyrus et Please Don’t Go. D’autres démos, livrées, pour les collectionneurs, avec la version Deluxe de l’album, avaient déjà circulé sur la toile comme un surprenant Hey Debussy ou encore I Just Cant Break Into You. Il semble qu’une dizaine de titres avaient été travaillés pendant les sessions d’enregistrement de l’album et n’ont pas été retenus pour le cut final.
Parmi les 3 titres officiellement mis en vente, on ne donnerait pas grand chose pour Please Don’t Go, un peu mou du genou, quelques pièces pour The Good Works of Cyrus, pour sa référence mythologique mais qui présente les qualités et défauts des compositions actuelles du groupe : cela sonne comme les Pixies mais avec un « quelque chose en moins » qui rend l’ensemble pataud et moins décisif que par le passé. Des trois titres, Chapel Hill, aussi bref soit-il, est sûrement le plus convaincant et le plus agréable à écouter. L’harmonie vocale est élégante et la partie de guitare plutôt enlevée. On aurait mis une pièce volontiers pour que le groupe travaille un peu plus celui-ci et l’amène à la vie. Ces démos témoignent (et c’est peut-être là tout leur intérêt) des processus de travail du groupe. On distingue ici ce qu’amène Frank Black, seul auteur mis en avant, et comment les autres membres vont broder autour. Chaque démo met ainsi en scène une séquence animée par Santiago, qui enrobe le motif principal, souvent blues folk du leader. La voix en contrepoint est aussi très sollicitée, souvent malheureusement pour « habiller » le morceau plus que par véritable nécessité.
Cette profusion de squelettes et démos montre également la bonne santé du collectif (ou du moins de son leader) qui disposait donc d’un matériel conséquent pour faire le tri. Dernier enseignement tiré de ces titres : le manque de rythme des compositions de Frank Black et leur caractère répétitif saute aux oreilles. On ne peut pas ne pas s’en apercevoir. Et là aussi, ça n’est qu’une confirmation de ce qu’on pensait.