DIIV / Is The Is Are
[Captured Tracks]

DIIV Is The Is AreFaut-il écouter DIIV ?
L’album arrive auréolé de la marque de fabrique du référencé label de Brooklyn-NY, Captured Tracks, certes. Mais l’emballage suffit-il à donner de la valeur à ce dont il est sensé se faire l’ambassadeur ?
Presque. Souvent. Mais pas toujours. Doit-on céder pour autant aux sirènes du bon goût et se jeter sur ce recueil de presque 17 titres, tant attendu ?
Question de goût. Référence culinaire donc. Les pépites ne sont-elles pas, par essence, quelques éclats de bravoure dans une masse plus conséquente ?
Cas pratique. De fait, cet album, qui n’en est pas vraiment un – selon la définition que l’on donne au concept d’album, sauf à parler de photographie bien sûr – recèle tout de même quelques pépites (Under the Sun, Valentine, Dust).
On pourrait aisément céder à la tentation de dire, qu’en creux, ce serait presque un disque de Motorama, en largement moins rugueux, au niveau vocal, ou que ce serait un album de Soft Moon, en moins grinçant, en plus lumineux, mais avec (guère) plus de textes et des sonorités plus gentrifiées… mais en tout cas, il reste plus intéressant que les brouillons à la Melody Echo Chamber. Sans la jouer hater, par mesquinerie ou par simple posture anti-tout, on est ici dans le trompe-l’œil, et c’est beau un trompe-l’œil, quand il est réussi. Car même si, à la première écoute, rien ne suggère que ce soit un disque inoubliable auquel il vaille la peine d’accorder trop d’importance… on se laisse prendre au jeu, car pour le moins Is The Is are a l’immense mérite d’être ludique, léger.
Logique, quelque part, puisque Zachary Cole Smith ne semblait pas se prendre la tête plus que ça sur sa gestation, quand il en dévoilait certains contours, il y a déjà trois ans, à un blog de référence local. A l’époque, Mr. Smith, pas Robert – que l’on s’attendrait presque à entendre pousser la chansonnette une fois sur deux -, disait en effet à Stereogum qu’il avait composé plus de 150 titres, rien que ça, et que l’écrémage était ‘plutôt’ simple et qu’il se faisait sur la base de ceux que les membres du groupe formé pour les besoins de quelques dates seraient en mesure de jouer et de répéter dans les sept jours qui suivaient… nonobstant les répétitions manquées pour préparer l’anniversaire de sa girlfriend Sky Ferreira
Somme toute, ces titres donnent tout de même largement l’impression d’être un peu fainéants, voire bâclés, lorsqu’il s’agirait d’en faire de vraies « chansons ». Trois lignes de texte se battent en duel qui se battent avec des guitares qui caracolent, une basse qui vous prend par la main et une batterie en toile de fond, pour finir sur des fades out à la hussarde. Un mélange de psychédélisme par vague et de pop pur jus… D’un autre côté, hey ! DIIV ne nous vient-il de Brooklyn, la Mecque de la dream pop du moment, entre autres. Car, effectivement, on est clairement dans la facilité, voire le je-m’en-foutisme élevé au rang de discipline artistique. Bref, pas loin de la musique d’ascenseur, mais attention ! … beau l’ascenseur, cosy !
En résulte donc une  collection de titres très faciles à l’écoute, dans les deux sens du terme. De bons branleurs diront certains, des artistes dans toute leur splendeur, plaideront d’autres… et c’est là qu’interviendra le grand schisme… faut-il aimer, détester ou simplement dédaigner ce groupe dont le nom résulte du fait que les quatre membres sont d’un signe astrologique aquatique (sic) et dont la simple lecture fait penser à un panneau de contrôle de chaîne hi-fi, non  logo copie ? Pardon, désolé et sans rancune, hein ? Parce que finalement, faire un disque facile, et qui plus est facile à écouter, sans chercher midi à quatorze heures est aussi une bénédiction en soi.
Mention spéciale pour Blue Boredom (Sky Song) (vous en déduirez tout seuls le featuring) qui illustre au mieux le propos avec ses faux airs de Tunic (Song for Karen).
Peut-être suffit-il finalement simplement d’écouter et de ne pas plus y réfléchir à deux fois, parce que c’est plutôt de bonne facture, même s’il y a en ce moment des dizaines de groupes du genre même aux États-Unis (à Brooklyn ?) mais qu’en France nous attendrons de préférence Yeti Lane (et que ça ferait un beau plateau) et que nos Frenchies leur colleraient, sans doute, une bonne claque sur scène, et que l’on passerait finalement une belle soirée. Parce qu’après tout, c’est aussi ce qui compte non ? par les temps qui courent ! … Passer du bon temps, en écoutant de la musique, sans en demander plus, ni intellectualiser à l’excès (raté, désolé) pour savoir pourquoi il faut aimer (ou pas) un artiste et son dernier disque (hein David ?). A écouter donc cette belle version électrique d’une B.O. de Drive. A écouter fort, en voiture, cheveux au vent.

Tracklist
01. Out of Mind
02. Under the Sun
03. Bent (Roi’s Song)
04. Dopamine
05. Blue Boredom (Sky’s Song)
06. Valentine
07. Yr Not Far
08. Take Your Time
09. Is the Is Are
10. Mire (Grant’s Song)
11. Incarnate Devil
12. (Fuck)
13. Healthy Moon
14. Loose Ends
15. (Napa)
16. Dust
17. Waste of Breath
Ecouter DIIV - Is The Is Are

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