2016 est une année pop. Marble Sounds, quelques autres. C’est doux, c’est neuf et ça fait passer les attentats aussi bien qu’une flambée et un pied de cheminée en fourrure hivernale. La pop est le truc qu’il vous faut. Chaleureux, amical, réconfortant, sensuel. La pop s’accorde parfaitement avec le mobilier moderne : bois peint ou nature, à monter soi-même, pas cher mais qui peut vous faire une génération tout de même. Standard mais personnalisable à l’infini. Par définition : tout le monde l’entend pareil mais elle ne dit les mêmes choses à personne. La pop est le futur d’une humanité retranchée et craintive dans son chez soi doudouille, la musique de vos soirées en amoureux olé olé, de vos orgasmes réussis et de vos rêveries. Il n’y a pas plus moderne et c’est tout de même bien plus cool qu’Internet et ces conneries de réseaux sociaux.
Alors voilà, les Allemands et les Américains ont inventé pour vous Sarah and Julian. Vous pouvez dire Sarah Und Julian, vu qu’ils sont à moitié allemands, mais ça fait quand même un peu moins cool. On ne sait pas trop d’où ils viennent mais ils ont fait un EP avant d’être repérés par à peu près tout le monde et lancés sur le marché du disque. Ce sont même des jumeaux, élevés dès leur plus jeune âge comme dans un de ces romans de SF des années 60 pour apprendre à jouer des instruments de musique. Plutôt que de leur donner à manger, on les laissait souffler dans une trompette et une clarinette. Puis, à la place du fromage, ils avaient le droit à des leçons de solfège ou de piano. Sarah et Julian sont les enfants loups de la pop, des enfants prodiges qui ont été formés en couveuse pour produire de la pop émotionnelle et, bon sang, c’est comme les écoles de tennis pour les gamins, ce genre de trucs : on trouve ça débile et un peu révoltant mais ÇA MARCHE.
Le clip est naze. Leur look entier est un peu naze façon Kings Of Convenience meets Stone und Charden, ce genre de trucs où l’on reconnaît bien la patte américano-allemande (ah, ah, parce qu’on est racistes en plus !). Ils dansent comme des pantins dans un faux truc de metteur en scène bidon mais ça fonctionne à fond. Bon sang, cette chanson a un pouvoir immense, une sorte de « feel good » magnétisme qui pourrait vous guérir d’à peu près n’importe quelle maladie instantanément, des écrouelles, de votre envie de fumer (votre voisin) ou de croire en Dieu. Le premier album, Birthmarks, sort fin avril et pour le moment, on a juste droit à Cold Wind. Oh, il faut y croire drôlement pour appeler une chanson Cold Wind. Il y a à peu près 3 millions de chansons qui s’appellent Cold Wind mais ce vent froid là est si rassurant et si immédiatement addictif que vous avez envie de vous glisser sous la couette entre Sarah et Julian, à poil ou habillé, pour qu’ils vous protègent et vous intègrent dans leur famille. A côté, votre univers craint un maximum parce que Sarah and Julian, eux, sont vraiment amicaux et paisibles. Ils ne font pas semblant comme votre femme, vos gosses, votre patron et globalement tous vos amis. Vous pouvez faire pleine et entière confiance à Sarah and Julian. Quoi qu’il arrive, ils seront là pour vous. C’est ça qui est bien.