
Avant que le buzz ne prenne et n’explose, on ne pouvait pas passer sous silence la pépite délivrée sous le nom de Supermodel* (avec une astérisque) par le producteur américain Frankie Beanie. Etabli à Los Angeles, ce dernier est natif de Virginie mais a visiblement vécu assez longtemps en Angleterre pour en parler aussi bien. L’argumentaire promo (très élaboré) qui vante le single met en avant son contact avec l’Angleterre en général via une excellente connaissance de la pop, du punk, de la dance et des “musiques de Liverpool”. On ne connaît à peu près rien de l’itinéraire personnel du jeune homme mais sur un rythme hypnotique et un flow blanc, plat et sans effet, il réussit à capter quelques caractéristiques de la vie d’hier en Albion qui ont disparu au grand regret de leurs habitants nostalgiques. Car ce qui fait le sel de ce I Used to Live in England, c’est bien cette idée (“i used to” s’utilise pour parler de quelque chose qui n’existe plus) que l’Angleterre des Tesco, du garage, des groupes qui veulent devenir Oasis et des trajets en train depuis Liverpool qui coûte quelques livres… s’est transformée en quelque chose d’autre que le jeune homme ne prend pas le temps de décrire.
Son chanteur est donc autant réel qu’inventé, le single s’accompagnant de quelques règles que l’artiste s’est donné pour représenter la culture chav avec authenticité ainsi que d’une liste assez longue de références ayant servi à la création du chanteur (LCD Soundsystem, 1975, Bowie et bien d’autres) :
- don’t try and be “cool”
- steal everything
- all lowercase always
- don’t overthink shit
- always talk about fight club
La déclaration d’intention met en avant une approche sauvage, presque brute de la musique, et une volonté de ne pas faire de compromis. Même si tout cela sent le plan marketing, on doit avouer que la force de ce premier single parle pour son auteur. A sa façon si particulière et presque désintéressée, Supermodel* saisit à la perfection ce déclin de l’empire britannique qui hante génération après génération, tout en rendant hommage à la culture électro du pays à travers quelques références notables à Fatboy Slim, mais aussi des échos garage-hip hop aux travaux de Mike Skinner de The Streets.
Le résultat est épatant et affiche surtout une belle signature artistique entre la voix, le clip inspiré tourné sur les hauteurs de Los Angeles et une musique répétitive mais emballante. Supermodel* devrait sortir un premier EP prochainement.
L’invention de ce nouveau rappeur nous fait immanquablement penser à notre chouchou d’il y a vingt ans, l’artiste comique Mc Devvo dont on garde toujours un souvenir ému. On en profite pour vous refourguer le documentaire qui lui avait été consacré et qui reprend son tragique itinéraire.
Crédit photo : capture d’écran du clip (YouTube)

