Les années passent mais il y a un truc qui ne change pas : la nullité « ontologique » (2019, année du gros mot) des chansons composées à la gloire ou en appui des événements sportifs. A la Coupe du Monde de Football remportée brillamment (on rigole) par la bande à Dédé, malgré la prolifération d’hymnes foireux dont on ne se souvient déjà plus, succède le plus discret Championnat du Monde de Handball Masculin, qui démarre cette semaine et réunira les meilleures formations mondiales entre l’Allemagne et le Danemark, les deux pays hôtes.
Comme le handball est un sport majeur Outre-Rhin et l’IHF une fédération moderne et puissante, la compétition a droit, comme ses jumelles footballistiques, à une chanson officielle dont la composition et l’interprétation ont été confiées au DJ Kongsted et au jeune chanteur (inconnu) Dominik Klein. Kongsted est un DJ danois qui a la particularité d’avoir reçu deux années consécutives le très réputé titre de « Meilleur DJ pour la dance mainstream », récompense qui en dit assez long sur son talent, mainstream donc. On apprécie notamment l’immonde chanson (si on peut appeler cela ainsi) qu’il a dédicacée au grand acteur Chuck Norris et qui ferait passer le pire morceau de David Guetta pour du Gavin Bryars. A côté de cette horreur, l’hymne au handball est un chef d’oeuvre avec une introduction tout à fait étonnante de sobriété et de précision électro.
Double site d’accueil oblige, le DJ a reçu le renfort au chant d’un chanteur allemand Dominik Klein. Originaire de Hambourg, le jeune homme s’est rendu célèbre, dès ses 14 ans, en postant quelques chansons (et quelques photos) sur son site web,où l’on apprécie aussi les clichés de son chien. Il brille par ses qualités vocales et une ressemblance troublante (et extrêmement sensuelle) avec le chanteur Justin Bieber, dont les fans acharnés le dénoncent ou l’adorent selon qu’ils le considèrent comme un sosie digne de considération ou un odieux fake.
A l’heure de représenter la classe biberon de la pop allemande, c’est ainsi lui qui a été retenu pour porter ce texte ample et ambitieux du Stand Up, Stand Out.
We’re not shooting down low and the stakes get higher
We can do whatever, whoa-oh
We’ll be standing up tall, we’ll be burning like fire
We can rise together, whoa-oh
Come on, stand u-u-up
We’re ready let’s go-o-o
Stand up
Stand up
C’est beau et plein d’énergie, ce que confirme un second couplet entièrement tourné vers la victoire et la performance :
I got my eyes on whatever I want
I’m gonna take what’s mine tonight
I got the vision, I’m on a mission
Now, I know the time is right
Toute la détermination des équipes allemande et danoise, qui rêvent de remporter le titre, est résumée dans ce beau morceau. La voix de Dominik Klein n’est pas en cause puisqu’elle s’entend tout à fait agréablement lorsqu’elle n’est pas défigurée par l’autotune. Gageons tout de même que le jouvenceau a été retenu parce qu’il a la particularité d’avoir le même nom que la légende du handball allemand, Dominik Klein, champion du monde 2007, triple vainqueur de la ligue des Champions et retraité depuis cette année. Avec ce morceau, le handball se hisse ainsi avec une certaine aisance au rang des sports majeurs portés par des chansons merdiques. De toute façon, et bien avant que cela soit aussi vérifié au football, le hand est un sport qui se joue à 7 et où la France gagne à la fin… Pour les amateurs de musique, il faudra repasser.
https://www.youtube.com/watch?v=ZPvlJflrh7o