Tanidual sur la route de l’excellence

TanidualDans la série des beatmakers, Tanidual aka William Laudinat est probablement le plus atypique. Sa musique s’appuie bien sûr sur un maniement 3ème dan de l’électronique et des références hip-hop mais est souvent emportée/déportée dans un monde connexe, contemplatif et parfois un peu kitsch, où le beat est dévoré par des influences jazzy, new age ou world. Tanidual est une version bio de Smokey Joe & The Kid qui aurait remplacé le Japon par un régime fait de graines stupéfiantes, de voyages sans fin et de brumes éternelles. Cela se matérialise notamment par un recours à une trompette (jouée par l’artiste lui-même) souvent venue de nulle part et qui vient sonner la transhumance.

Le nouveau single du groupe tiré de son album à venir en mars, Alignement, est parfaitement représentatif de cette affaire là. La Limite s’appuie en clip sur une présentation archétypale qui a fait ses preuves : la longue route (américaine ou andalouse) qui serpente dans le désert entre canyons et cactus. L’imagerie est connue, rabattue même, mais fonctionne toujours à merveille pour soutenir une dérivation qui s’étire sur un peu plus de trois minutes avec une grâce cuivrée (la trompette) et une détermination impeccable. L’album contient plusieurs morceaux plus surprenants et révolutionnaires que celui-ci, mais on retrouve ici ce savoir-faire millimétré de Tanidual qui met sur la table les moyens exacts qui lui permettent de réussir ses effets : on sent le vent dans les cheveux, la chaleur et le souffle du sable chaud, le goût de l’asphalte qui fond sous la gomme, et surtout cet appel d’air où s’engouffrent la liberté et l’exaltation. On pense aux progressions magiques de Coldcut, précises et amples devant lesquelles on s’extasie rarement mais dont les effets et les résonances vous poursuivent souvent bien longtemps après que le morceau se soit éteint. L’effet produit ressemble à ce que d’aucuns désignent sous le nom de persistance rétinienne pour les yeux… mais appliqué aux oreilles : La limite ne vous hante pas comme un tube variétoche ou de hit parade mais se réplique en vous comme par enchantement sans que vous l’ayez voulu.

On reviendra sur l’album qui, dans le genre, brille par son originalité et son absence de garde-fous, sa capacité à assumer tous les choix même les plus étranges et à faire dire aux machines des choses auxquelles elles n’auraient pas pensé toutes seules. A l’image de la pochette de l’album, Tanidual est une curiosité digne du plus grand intérêt.

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