Il n’est pas injurieux d’écrire que nous trouvons un aspect fortement théâtral au post-punk de Traditional Monsters. Encore faut-il s’entendre sur le sens du mot théâtral : à la Nick Cave, Talking Heads ou Sol Hess, l’Américain Dick Turner (voix, trombone) joue l’identification plutôt que le détachement intello. Car tels certains acteurs puisant dans leurs rôles une vérité, une catharsis, des bribes d’intimité, Push The Panic Button (Quixotemusic) est un album qui hésite entre la mise en abyme et la perte de soi, l’actors studio et le séjour en HP.
Et mine de rien, ce travail de représentation se transforme en atout lorsqu’il s’agit de puiser dans divers souvenirs fin 70 / début 80 : l’hommage n’existe plus, la réappropriation idem, le pompage encore moins. Traditional Monsters utilise les codes du genre avec dévotion, certes ; mais si la forme corrobore les grands chambardements de l’après Pistols, le fond, lui, y injecte un poison inédit, une déviation vers le précipice. Musique mutante ? Certainement. Parce que mal peignée avec de la gomina, parce que souillonne malgré ses beaux costumes, parce que gentiment malade quoi que respectable. Traditionnel mais monstrueux, en effet…
Pas un hasard si au casting de cette superproduction tournée en Super 8, on trouve du Don Cavalli, du Centenaire et du Orval Carlos Sibelius (Emiko Ota, Arnaud Caquelard, Axel Monneau) : des petits chimistes qui mélangent les pipettes sans se soucier du manuel, espérant la grosse explosion plutôt que le parfait dosage. Messieurs : il n’y a toujours aucune place de disponible pour vous à Sainte-Anne !