On n’a jamais fait partie ici des gens qui se payaient la tronche ou le menton des Frères Bogdanoff. Encore éblouis par leurs apparitions avancées et inspirées des années 80 (le milieu et donc la fin en ce qui nous concerne), on aura tenté jusqu’au bout, malgré les dévoiements, polémiques, soupçons d’entourloupes, d’emprunts, les petites amies folklo et les dévoiements absolus dont cette vidéo est le symbole/symptôme le plus criant, de préserver l’image des jeunes prodiges (pas si jeunes de fait) habités par les univers distants, l’envie de science-fiction et l’appétit pour le progrès. On se souvient de leur premier livre Clefs pour la Science-Fiction (dont la préface est signée Ray Bradbury préféré à Roland Barthes dont l’avant-propos élogieux sortira peu après dans la Quinzaine Littéraire), glané sur un marché vingt après, bien sûr de leurs combis spatiales mais aussi et surtout de leurs reportages et de leurs lancements pour des séries qui nous émerveillent encore aujourd’hui comme la Quatrième Dimension ou le Prisonnier. A l’époque, presque trentenaires alors qu’on leur donnait 10 ans de moins, les jumeaux de contrebande irradiaient par leur beauté, leur intelligence et l’excellence (qu’on savait non frelatée) de leurs goûts.
Leur âge d’or s’achevait avec les années 80, soit à peu près au moment où le nôtre devait commencer, des rêves pleins la tête et des plans sur la comète (bien sûr) dans la musette. Ces types là ont aidé à construire notre futur, du passé maintenant, et comme dans Inception (le film), n’ont pas été pour rien dans l’ensemencement culturel qui s’en est suivi. Qu’aurait-on joué si on nous avait demandé d’être DJs à leurs funérailles ?
« Dans un environnement subjectivement bouché, vous m’êtes apparus tous deux comme des extraterrestres bienveillants, et vous m’avez donné une sorte d’espoir. De quoi ? Je ne sais pas. Mieux vaut ne pas préciser. » (Roland Barthes)
1. The Tornados – Telstar (1962)
2. Joe Meek – I Hear A New World (1960)
3. Didier Marouani – Générique Temps X (1979)
4. Dead Can Dance – Song of The Stars (1996)
5. The Times – I Helped Patrick MacGoohan Escape (1982)
6. The Atomic Crocus – Ombilic Contact (1974)
On recommande cette compilation Cosmic Machine, A Voyage Across French Cosmic & Electronic Avant-Garde (1970-1980), sortie en 2013 chez Because Music.
7. Jean-Michel Jarre – Blackbird (1973)
8. David Bowie – The Man Who Fell To Earth (trailer)
9. Bowie – Starman (1972)
10. Roland Hayes – Du bist, die Ruh Op 59, n°3
Le ténor américain Roland Hayes était le grand-père des frères Bogdanoff.
11. Roland Hayes – Swing Low, Sweet Chariot
12. Nick Cave & friends – Death Is Not The End (1996)
12. The Twilight Zone (Générique)
Crédit photo : capture d’écran.
On se doutait qu’ils n’étaient pas aussi éternels qu’ils semblaient le prétendre mais ça fait quand même un choc au jeune quinqua que je suis. Un peu comme d’apprendre la mort de Casimir (qui lui est VRAIMENT immortel).
Même s’ils ne produisaient plus grand chose, à part du buzz un peu vain, ce furent des grandes figures (surtout niveau pommettes et mentons) de notre culture pop hexagonale.
Avec Michel Chevalet (toujours vivant mais peut-être assis à l’instant ou j’écris), ils ont fait beaucoup pour éveiller les gamins des 70/80’s à la science, fictionnelle ou pas.
Bon voyage les frangins
Bien d’accord. On est moins sûr concernant Casimir et Michel Chevalet. Surtout pour le 1er. Plus sérieusement, oui, le Temps X de l’époque était une grande grande émission, mêlant vulgarisation scientifique, SF, hard science et anticipation en plus de nous livrer quelques séries majeures, dont on n’a probablement pas l’équivalent populaire aujourd’hui.
Carrément. Ce dont je leur serai toujours reconnaissant c’est d’avoir été les premiers à diffuser les épisodes du Prisonnier DANS L’ORDRE, y compris les 2 derniers jusque là inédits par chez nous.
Respect éternel ✨
A l’époque, je crois que ça me parlait finalement moins que 10 ans plus tard. Je trouvais cela curieux, dérangeant presque, pas totalement passionnant. Mais c’est bien sur ce premier souvenir (et pareil pour la Quatrième Dimension) que je me suis jeté un peu plus tard sur toutes les intégrales en vidéo puis DVD. Entre le Prisonnier et la 4ème dimension, c’était quand même du très très haut niveau. Même si on a été gâté dans les décennies qui ont suivi en matière de séries, celles-ci ont clairement un charme particulier. Je suis même allé en pélerinage à Portmeirion la ville où ça a été tourné.