Il y a encore peu, révolté par une évacuation virulente d’une rave party ou à l’occasion d’un énième fait divers dont notre République n’a pas réussi à nous prémunir définitivement, on n’aurait pas misé sur un groupe qui s’appelle French Police. On se demande bien quelle image d’Epinal obsolète avait en tête Brian Flores au moment de baptiser son projet musical, à Chicago, invitant rapidement son frère Jesse et leur copain Jose Vega à le rejoindre. On veut bien croire qu’il s’agisse d’un clin d’œil à un riff de guitare qui sonne comme une sirène de police, mais cela reste hasardeux – et un pseudo pourri quand on s’intéresse à eux depuis la France.
Bref, toujours est-il que depuis la parution de Haunted Castle (2020 – Icy Cold), on suit avec attention les pérégrinations de ce nouveau résident du quai des Orfèvres. On n’est pas les seuls à s’être entiché du trio qui, s’il reprend les canons newwave / post-punk recyclés à l’excès ces temps-ci, se singularise aisément grâce à un son de guitare limpide et un chant mélancolique, alternant espagnol et anglais avec la même pudeur. Surtout les trois jeunes gens font groover leurs mélodies squelettiques quand la plupart de leurs congénères les plongent dans un océan glacé ou les contraignent à rester enfermer dans une cave.
Après cet album, leur première réalisation sur support physique, French Police a déjà publié plusieurs EP digitaux (voir leur assez riche discographie sur Bandcamp) et deux singles coup sur coup. D’abord, le bien balancé Plant Based Girl dont les guitares tanguent malgré une rythmique martiale comme chez Motorama. Et en ce tout début d’année, Club de Vampiros métissage linguistique et stylistique – entre un groove fiévreux appris à l’école New Order et une ligne de guitare réverbérée aérienne interprétée « à la Johnny Marr ». Rien de révolutionnaire certes, mais parmi la horde d’élèves plus ou moins appliqués, French Police comme leurs camarades de Topographies pourraient devenir « majors » de leur promotion.