Roulette Memory # 7 : Adrien Viot présente Surgery de The Warlocks

The Warlocks - SurgeryLe chanteur Adrien Viot qui a signé il y a quelques semaines le magnifique Hallali nous parle de sa rencontre avec Surgery de The Warlocks. 

Octobre 2005. En week-end à Prague, je me retrouve la veille de mon départ par hasard dans une taverne à découvrir le groupe rochellais Asyl en concert. Ils jouent leur album Petits Cauchemars entre amis enregistré avec Andy Gill des Gang of Four qui sortira un an plus tard chez Because. Après leur performance, nous sympathisons, parlons de Joy Division entre autres, nous buvons (beaucoup), la goulache est proposée à volonté par le lieu, et nous avons également la possibilité de pisser sur une statue de Lénine aux toilettes.
Avant de nous séparer, ils m’invitent à venir les voir sur scène, sur une première partie, quinze jours plus tard à l’Elysée Montmartre.

Banlieusard tout juste sorti du lycée, je me débrouille pour ne pas rater ça. J’invite ma pote Marianne rencontrée récemment sur des forums de rock. Le concert est dément, je découvre le groupe dans de bonnes conditions. Mathieu, le chanteur, a vraiment quelque chose d’unique, je l’admire… Les deux frères Nicolas et Benjamin respectivement à la guitare et à la batterie entretiennent la tension jusqu’au bout. Et Antoine à la basse, lui, me rappelle Peter Hook. Rapidement nous devenons amis, des camarades de jeu à PES, et il sera un grand frère dans les mauvais moments.

Je n’ai malheureusement pas le recul nécessaire pour parler de leur disque, c’est le problème avec les copains… Mais j’ai un vif souvenir du titre Zeppelin qui semait le chaos en fin de concert.

Suit la tête d’affiche, un groupe qui porte le premier nom du Velvet Underground, The Warlocks. La scène est occupée par sept musiciens dont deux batteurs ; une fanfare éclairée au projecteur diffusant des vidéos expérimentales influencées par la Factory d’Andy Warhol.
Je me souviens être tétanisé de désir en découvrant ce groupe synthétisant tout ce que j’aimais et admirais à l’époque : la sensualité sombre et ambiguë de The Cure et The Jesus and Mary Chain incarnée par son chanteur Bobby Hecksher, la roublardise hypnotisante du Velvet Underground ou de Psychic TV, le blues de Suicide et le romantisme d’un Richard Hawley. Les Warlocks devenaient ce soir-là mes sauveurs, leur musique incarnait à la fois mon adolescence sur le point de se terminer et la BO des cinq prochaines années, riche en rencontres artistiques. Marianne qui m’avait accompagné ce soir-là va elle aussi voir son destin changé, puisqu’elle deviendra l’épouse de Bobby Hecksher et la mère de son premier enfant.

L’album Surgery des Warlocks est une chirurgie de l’âme qui vous marque à vie au scalpel, fait passer le BRMC et le Brian Jonestown Massacre pour des types pas très subtils, vous invite à la perdition dans des ténèbres éclairées à la bougie, à embrasser le désespoir et à vous libérer de toute virilité inutile. Un album pour faire l’amour au sens propre comme au figuré… Un disque utile pour se réconcilier avec son adolescence ou avec son amoureuse après les pires disputes. Idéal donc en ces temps de confinement pour patienter d’ici la sortie du nouvel album des Warlocks,  The Chain, le 3 avril prochain.

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