Si comme nous vous aimez les lesbiennes qui font des chorés avec les mains sur des chansons plutôt cools et qui donnent le sentiment de voyager en classe affaire accompagnés par un brouillard de musique électronique vaguement sensuel…. Si comme nous vous aimez surtout être méga en avance sur votre temps et donner le sentiment à vos amis qu’être dans le coup est votre seconde nature… il ne vous aura pas échappé qu’écouter Christine And The Queens n’était plus possible. Has-been la Titine depuis qu’elle étale sa libido spéciste avec de la musique de supermarché vendue sur étagère, limite malhonnête, à ce qu’il se raconte, et en tout cas artistiquement surfaite et fabriquée, c’est sûr, même les magazines le disent. On vous l’avait bien dit. Alors, voilà : il y a Jenn Champion. L’alternative.
Entre Jenn et Christine, bah c’est presque pareil : jeune femme, artiste complète, biberonnée chez Hardly Art qui a l’avantage de s’inscrire dans la durée. Sous le nom de Jenn Ghetto (elle a abandonné Ghetto il y a quelques temps pour de complexes raisons humanistes) au sein de Carissa ‘s Wierd (et pas Weird) son premier groupe puis à travers une série d’albums solo acoustiques sous le nom de « S » (la petite cousine par alliance de « E » de Eels, pour ceux qui suivent, sans lien de parenté), Jenn Champion (on suppose qu’il y a un jeu de mots avec Jane Campion…. ou pas) revient avec son premier véritable album sous cette nouvelle étiquette, Single Rider.
On rigole, on rigole mais oui. Si Jenn Champion est aussi lesbienne et en a fait état depuis plus de dix ans maintenant, si elle a tendance à se lancer dans des danses bizarres et graphiques quand elle se balade avec sa tribu dans les rues de la ville où elle habite (Seattle maintenant), sa musique tient franchement la route. Jenn Champion est crédible, authentique et est une artiste à la longévité éprouvée puisqu’elle a désormais (en groupe ou seule) quasiment huit ou dix albums à son actif.
Time To Regulate, le nouveau morceau, est efficace, non agressif et smooth comme du Sade passé à la centrifugeuse. Bien sûr, il ne faut pas s’attendre ici à trouver des aspérités entre les dents, ni à ce que les machines grésillent dans les coins : tout est réglé comme du papier à soupe, les voix filtrées au tamis et l’éclairage savamment étudié. A l’échelle du monde indé, et parce qu’Hardly Art fait dans le sur-mesure et le haut de gamme depuis toujours, Jenn Champion est ce que vous trouverez de mieux et de plus crédible à la soupe actuelle. Pensez différent. Ecoutez différent. Voilà ce qui vous attend si vous voulez avoir une chance d’entrer dans la Nouvelle Société. On n’est pas obligés d’écouter ça évidemment mais tant qu’à être à la mode, autant la précéder. A bas Christine. Vive Jenn.
En bonus : Jenn a des tatouages.
PS : son ancien groupe Carissa’s Wierd et ses chansons solo sous le nom de S étaient l’un des plus cool groupes pas connus des Etats-Unis. La preuve…