Aitch / Close To Home
[EMI]

6.7 Note de l'auteur
6.7

Aitch - Close To HomeA 22 ans, le jeune Aitch est présenté un peu partout comme l’héritier de The Streets. Après une poignée de singles, le buzz a bien pris et selon les codes du moment, le jeune homme (Harrison Armstrong de son vrai nom) a connu une ascension météorique, vendu des tracks pour des publicités de premier plan, attiré l’attention de quelques pointures du milieu (Stormzy et quelques autres) et été vanté pour ses immenses qualités avant même d’avoir sorti son premier album.

C’est lui qui arrive avec Close To Home et on est globalement pas déçu par le résultat, même si on repassera pour la radicalité, l’âpreté et l’expérimentation. Aitch est natif de Manchester et cela se sait. Il maîtrise à la perfection les codes de la cité et surfe sur la légende glorieuse de la ville en tendant des (grosses) perches vers les Stone Roses (1989 reprend un sample de Fools Gold) ou les Happy Mondays (avec une participation de Shaun Ryder). Parallèlement, il sonne trap et hip-hop, un peu soul et Rnb, rap et core pour contenter tous les segments du public cible.

Le flow du garçon est habile, agile et les arrangements sont gentiment mainstream mais avec un accent et des réferences du cru qui réclament sur chaque vers un peu plus de street crédibilité. Côté textes, ça fume de l’herbe, ça déambule en ville et ça rend hommage aux racines mais Aitch ne prend pas beaucoup de risques. Son imaginaire renvoie aux poncifs du hip-hop des villes 2.0 : fumettes, problèmes d’argent, luxe (Louis Vuitton), relations familiales (My G). C’est si bien fait et suffisamment divers pour qu’on ne se lasse pas. Entre le RnB déguisé de Money Habits, le dansant et excellent 1989 ou l’émouvant et sexy Baby, on se laisse faire par cette modernité parfaitement canalisée et mise en place. Le son est rond comme un bonbon au miel et caresse l’oreille pour ne gêner personne.

On aurait aimé un peu de prise de risques à l’image d’un Sunshine radieux et déshabillé, ce qui n’enlève rien aux promesses formulées par ce premier disque en forme de démonstration de compétences. On est pas certain que Aitch ait tellement de choses à dire mais il est suffisamment dans l’air du temps et habile pour que cela ne gâche pas l’écoute de son disque.  Close To Home n’est pas le disque décisif qu’on attendait mais un disque d’époque séduisant et écoutable, charmeur et plein de bons sentiments. Ce n’est pas si mal pour un début.

Tracklist
01. Belgrave Road
02. Louis Vuitton
03. 1989
04. Money Habits
05. Baby
06. Bring It Back
07. Sunshine
08. Fuego
09. Cheque
10. In Disguise
11. The Palm
12. 100x
13. R Kid
14. My G
15. Close To Home
16. Hollinwood to Hollywood
Liens
Recevez chaque vendredi à 18h un résumé de tous les articles publiés dans la semaine.

En vous abonnant vous acceptez notre Politique de confidentialité.

Plus d'articles de Benjamin Berton
Frank Rabeyrolles / Minor Blue
[Wool Recordings]
Frank Rabeyrolles fait partie, par analogie avec le cinéma, des « petits maîtres »...
Lire
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *