Babybird en concert à Paris : un trésor britpop à redécouvrir le 28 septembre 2018

Babybird Petit Bain 2018Au risque qu’il nous en veuille à mort, difficile de ne pas illustrer cette annonce exceptionnelle du premier concert parisien de Babybird depuis…. 20 ans, par la vidéo de sa chanson la plus connue : You’re Gorgeous. On lui a suffisamment donné la parole (comme ici en interview) pour savoir que le succès miraculeux (et reposant sur un malentendu!) de ce titre a, à la fois, sublimé et ruiné la carrière d’un des artistes anglais les plus prolifiques et intéressants de ces deux dernières décennies. Babybird est de retour, le vendredi 28 septembre 2018, au Petit Bain à Paris pour une date unique.

De mémoire de fan, on ne l’avait pas revu dans la capitale depuis son passage au New Morning en 1998, lui qui avait pourtant arpenté et séduit le pays au gré de ses pérégrinations. Une date très très ancienne à l’Erotika, un ancien sex-shop reconverti en bar à guitares près de Pigalle, un Divan du Monde, Café de la Danse et un arrêt presque terminal pour une Black Session chez l’ami Bernard Lenoir. La généalogie de Babybird nous ramène 20 ans en arrière à une époque où la brit pop déferlait sur le monde. Dans le train des groupes qui assaillent le pays en répliques serrées, Stephen Jones se distingue du tout venant en publiant une série d’albums lo-fi, enregistrés avec les moyens du bord, qui déboulent dans les bacs tous les 6 mois. Les compositions sont subtiles, assurées mais fragiles. La France est conquise et fait de ce type au profil singulier mais conquérant qui bidouille dans sa chambre l’une des mascottes du nouveau rock indé. Il faut bien un contrepoids aux Blur, Pulp et Oasis. Avec son double cultivé Luke Haines, Babybird deviendra le chouchou français préféré de Paris, au point  de signer en face d’un de ses singles B, Farmer, un morceau en français, Je suis un imbécile anglais, repris dans une compilation saisonnière des Inrocks.

L’oisillon délivre 5 albums incroyables en l’espace de 18 mois avant de triompher avec son premier enregistrement hi-fi, Ugly Beautiful, en 1996. There’s Something Going On en 1998 enfonce le clou et installe cet anglais pur sucre, gouailleur, cabotin mais timide, à la voix puissante et proche de celle de Ian Mc Culloch (ce qu’on dit de lui à l’époque), parmi les compositeurs star du royaume. Babybird est partout et prend sa part du désastre quand le mouvement implose (picole, drogue). L’oisillon se brûle les ailes et s’expose au retour de flamme qui suit l’an 2000. Les ventes s’effondrent et la britpop n’a plus bonne presse. Les fans brûlent les idoles d’hier, sauvant, pour la vitrine, les valeurs patrimoniales comme les frères Gallagher. Albarn se réinvente en personnage de dessin animé. Luke Haines entre en clandestinité. Stephen Jones brille encore par intermittence, accrochant quelques albums solides à sa discographie entre 2000 et 2011. Johnny Depp (hé, oui) tombe amoureux de sa musique, joue de la guitare et réalise un clip splendide pour lui en 2010, Unloveable, ce qui ne suffit pas à le remettre à la page.

Sûr de son destin, Stephen Jones s’installe dans les limbes et entreprend alors de vivre sur un nouveau modèle. L’homme aux millions de disques vendus s’adapte à la nouvelle ère et propose ses albums en format digital sur bandcamp. Il redéveloppe une industrie singulière en fabriquant lui-même ses propres disques impulsant un nouvel artisanat. Chacun des disques paru entre 2011 et 2018 fait l’objet d’une édition physique en CD dans un petit coffret, une boîte et est accompagné de « goodies » personnalisés et uniques : des broches, des pin’s, des dessins à l’encre de chine. Babybird devient Black Reindeer (musique instrumentale), devient Arthritis Kid, Outsider ou Trucker au gré de ses métamorphoses, avant de renouer fébrilement avec son alias le plus connu. En 5 ans, l’artiste livre près de 100 enregistrements, plus d’un millier de chansons et écoule son petit stock de créations en dentelle, en les éditant à une centaine d’exemplaires chacun. De là, il observe le monde et rêve un jour de remonter à la surface.

Surfant sur un revival britpop qui fait tourner les vents, il renoue avec la scène à la fin de l’année dernière et effectue une mini-tournée anglaise qui le remet sur la carte des musiques actuelles. Son répertoire est l’un des plus riches du pays et pour cause, entre pops songs imparables et miniatures savoureuses, Babybird n’a jamais arrêté de produire et peut se targuer de n’avoir jamais raté un album. L’oisillon a la voix intacte et un sens de l’autodérision qui fait fureur. La presse le redécouvre et sa cote remonte au point de lui redonner des ailes.

Pour l’ensemble de son oeuvre, et parce que Sun Burns Out a largement couvert son activité invisible, jusqu’à accorder un 8,4/10 à l’un des albums sortis l’an dernier, notre magazine a tenu à s’associer au label parisien Quixote Music pour faciliter le retour de l’artiste dans son pays d’adoption. C’est ainsi que nous coproduisons le concert de Babybird du vendredi 28 septembre au Petit Bain à Paris. La première partie sera assuré par un autre taulier du mouvement Do It Yourself ou lo-fi, à savoir le chanteur des Traditional Monsters, Dick Turner. Un événement dont on recausera certainement et qui marque notre premier mouvement dans l’univers des nuits parisiennes.

Comme dit le titre de la tournée, il est temps de se remettre ensemble. Back Together Again.

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