Drab City : miracle à la française ?

Drab City - Good Songs For Bad PeopleLa France n’avait rien produit en matière de duo depuis des lustres. Les usines ferment et nous perdons notre savoir-faire. La crise n’a rien arrangé. La balance musicale est durablement déficitaire. Et puis voilà que Bella Union signe Drab City et que la relance est là, sublime et décisive. Leur premier album Good Songs For The People sort aujourd’hui et c’est probablement la meilleure nouvelle qui soit arrivée au pays depuis la fin de l’épidémie et la mort de Johnny Hallyday. On reparlera plus longuement du disque qui est une pure merveille et sans conteste l’un des candidats tout trouvé au titre d’album de l’année.

Pour se mettre en appétit, on ne savait pas trop quel morceau présenter, tant tout ce que le groupe a mis en circulation depuis une petite année frise la perfection. La musique de Drab City évolue à la croisée du trip-hop et de la dream pop. C’est une petite bulle de délicatesse et d’intimité qui flotte tendrement dans l’air et tente d’échapper à la cruauté des temps, un oasis de solitude nostalgique et d’érotisme contenu. Working for the men est une pépite emballée en deux minutes et quelques, Devil Doll un exercice virtuose et vénéneux. Les hommes n’ont pas toujours le beau rôle ici. Les femmes sont revanchardes et fatales pour qui n’y prend pas garde. Drab City est le chaînon manquant entre Portishead et les Cocteau Twins, un groupe mirage qui évolue dans un univers bien à lui et dans lequel on ressent sur chaque seconde de musique le privilège d’être admis. Asia est la petite sœur d’Hope Sandoval et la cousine par alliance d’Harriet Wheeler.

L’histoire de Chris et Asia n’a pas encore été écrite précisément. On sait que ces deux là se sont supposément rencontrés à la sortie de l’usine où ils travaillaient tous les deux (à 17 ans ?) et qu’ils ont engagé la conversation autour d’un disque de Charlie Mingus que Chris avait sous le bras. On sait qu’ils vivent aujourd’hui à Los Angeles et que la musique est tout ce qui occupe leurs pensées depuis de nombreuses années. L’histoire est un peu courte et trop mystérieuse pour être honnête. Elle ressemble aux contes de fées et aux légendes qu’on invente pour soutenir l’essor des jeunes pousses.

On se fout de savoir d’où ils viennent à ce stade (Besançon ou Paris, La Motte-Beuvron ou Marseille), et encore plus d’évaluer leur degré de francitude. Leur site web est impec et la gestion de l’image, comme souvent chez Bella Union, frôle le sans faute et fait friser la moustache de n’importe quel hipster. L’accent d’Asia est parfait et les beats de Chris font rêver la planète indé. Simon Raymonde a eu le nez creux en les ramenant chez lui. Drab City est l’une des découvertes de cette première moitié d’année. Il faut se ruer sur leur album et l’écouter jusqu’à en user chaque sillon.

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