La décennie 80 a encore de belles années devant elle. 25 ans après sa fin officielle, ce qui avait été pour beaucoup une décennie honnie et jugée comme un point bas des cycles musicaux, est devenu le réservoir obligé d’inspiration et de rénovation des musiques contemporaines. On a pu ainsi, depuis quelques années, assister impuissant au retour en force de la synth pop, de la cold wave et même à la résurrection cryogénique (et plutôt en bonne forme) de groupes comme Duran Duran ou Depeche Mode. Les DBFC ne feront pas mentir ce grand mouvement de brassage musico-temporel avec leur nouveau single Get It All, un bel exemple de ce que la musique rétro-pop peut donner de meilleur.
DBFC, pour rappel, c’est ce groupe à quatre têtes mi-français, mi-anglais (de Manchester) qui avait déjà livré en 2014 un ep réussi mêlant la pop et l’électro sur le modèle d’un LCD Soundsystem (cabaret) voltairien. Le premier album du groupe devrait sortir avant l’été 2016 chez PIAS. Cette fois-ci, on situe l’influence plus nettement du côté de la Charlatanerie mancunienne avec un titre strict mais dansant, emballant et retenu. DBFC aime autant la cold wave que la disco, mettre des baskets fluo que s’exciter sur des airs mortifères. C’est tout le contraste de l’époque qui a redécouvert, à l’image du succès 2015 de Future Islands, le fun dans la peine. Comme dans les années 80, il suffit de danser pour s’étourdir, s’époumoner pour mieux pleurer, tout en essayant de regarder la sombre réalité en face. La Génération Bataclan (comme on l’a hâtivement baptisée) n’est-elle pas caractérisée par cette sorte d’insouciance triste ou de gravité hédoniste ? DBFC est au coeur de ce courant : les guitares côtoient les synthétiseurs, le tout est en fusion, mélange de sérieux et de légèreté. C’est la crise ma petite dame. Il faut faire face avec le sourire et se laisser aller. Il y a pire compagnie que ce quatuor.
Pour ceux qui aiment savoir exactement de quoi on parle, se cache derrière DBFC, entre autres, l’alliance du musicien français Dombrance et de l’anglais David Shaw. Les deux hommes sont connus pour leur culture club et leurs talents de producteurs et multi-instrumentistes. On a donc affaire à de (jeunes) vieux routiers des musiques transgenres, aussi à l’aise avec l’univers pop qu’avec l’univers des boîtes de nuit.