Youri Defrance sur le sentier de la plume

Youri Defrance - ONGODPlanant, enivrant et tellement inspirant : c’est ce qui vient à l’esprit (le Grand Esprit, of course) à l’écoute du premier clip de Youri Defrance, Tuvalakora Eagle Feathers, chanson éclaireur d’un album, sorti il y a peu, intitulé ONGOD (sur lequel on reviendra). Le breton d’adoption, qu’on connaissait sous le patronyme de Youri Blow, revient sous cette étiquette de Youri Defrance, dans un registre moins world music que par le passé, même si nourri par ses pérégrinations et des croisements culturels insensés.

La musique de Youri Defrance est puissante, soutenue par un chant guttural, shamanique et dans les graves. Les arrangements évoquent les grands espaces, américains ou mongols, mettant à contribution des guitares, des rythmiques solides et ce qu’on imagine être des instruments du cru. L’ambition semble évidemment de réunifier les mondes spirituels et organiques, de faire communiquer les dimensions, la Terre, le Ciel et autres entités supérieures, dans un brouet mi-électrique, mi-organique qui, par son intensité et sa complexité, renvoie clairement aux expériences psychédéliques des années 70. La fin du morceau évolue dans des territoires de connaissance : moins boisés et occidentaux, rock et tendus comme des cordes de pendu. Selon son goût, on peut voir dans cette musique un grand attrape-nigaud world façon Yakari new age, une invitation au voyage exotique ou plus sûrement une forme de post-rock ethnique où l’on peut retrouver des traces de Dakota Suite, de Tortoise, d’Ulan Bator, du regretté Hector Zazou ou, plus lointaines, de The Bevis Frond ou des terribles Terminal Cheesecake. Autant dire qu’on peut consommer cela partout et en presque toutes circonstances, chargé ou à jeun, triste ou dans la lune, seul ou en famille.

A quelques encâblures de la rentrée, la musique de Youri Defrance est doublement salutaire : elle prolonge l’exotisme des voyages au long cours, en même temps qu’elle permet de revenir au bercail en ayant la tête ailleurs et dans les étoiles. Zen et terrestre, elle devrait résonner sur les sentiers de septembre comme on prend le sentier de la guerre, à reculons mais bravache.

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