Dimanche matin, grand froid, le givre fige tout à l’extérieur comme dans un décor de carte postale, mais le soleil transperce l’air limpide. Il fait bon derrière les vitres et Joseph O’Connell s’est invité dans le salon.
Ce type s’inscrit dans la plus pure tradition des musiques américaines, voire même pourrait prétendre écrire un chapitre de la légende des Grandes Plaines (il est d’ailleurs ethnographe, spécialiste du sujet). Where In Our Woods, le premier album d’Elephant Micah à paraître pour l’excellent label texan Western Vinyl après une flopée de parutions confidentielles, distille de douces mélodies (forcément) boisées. Ces huit chansons sont livrées dans un strict dénuement, sans fioriture ni électricité, avec la justesse de ton qui sied à ces histoires hors du temps. Cette austérité de façade n’est lézardée que par quelques touches de violon, une flûte ou un bandonéon discrets, un tambourin-cymbale qui double une percussion pour souligner le propos. Le reste de l’espace est occupé par le chant de Joseph O’Connell, soutenu par l’ami Bonnie Prince Billy de temps à autre. Pour briser les codes, Elephant Micah s’écarte du format habituel le temps du long et sinueux Slow Time Vultures, laisse en suspens Light Side, glisse des arrangements qui paraissent novateurs dans cet environnement suranné. Mais tout ici est rassurant, bien rangé, agréable.
Dehors la terre fume, les feuilles dégèlent, les oiseaux furètent, Where In Our Woods s’achève déjà, refermant cette courte parenthèse dans la frénésie quotidienne.