Freddie Gibbs & Madlib / Bandana
[Keep Cool / RCA]

Une ballade à dos de zèbres dans un western dystopique en compagnie de Freddie Gibbs / Madlib et de leur Bandana est au menu.

Cinq années n’ont pas suffi pour que l’on oublie la Piñata bien remplie du duo. De prime abord, la rencontre ne coulait pas vraiment de sources entre Madlib, beatmaker surdoué à la productivité lancinante et aîné de la fratrie Jackson (celle du jazzman Otis Jackson), et Freddie Gibbs, rappeur qui aurait pu camper le rôle du lointain cousin thug de la fratrie Gibb par sa dialectique gangsta. Force était de constater en 2014 que le travail accompli ensemble avait donné naissance à une collaboration fructueuse et cohérente.

En conséquence, fébrilité et sueur froide était de mise en attendant les quinze chapitres du deuxième volet Bandana de la trilogie commune enclenchée par cette association heureuse. La recette reste la même, la science du sample cosmopolite de Madlib (en mode création sur son ipad et non au sampler) associée à la verve imagée de Freddie Gibbs pour un shaker au goût sucré salé incomparable. Bon nombre de tracks n’aurait pas dépareillé avec leurs samples soulful sur Piñata entre autres Freestyle Shit, Cataracts, Practice et  beaucoup d’autres… Cependant les deux gaillards arrivent dans Bandana à nous surprendre avec des atmosphères, portés disparus sur l’opus précédent, qui viennent titiller nos oreilles grâce aux plus street et moderne Half Manne Half Cocaine et Situations ou au plus ethnique Massage Seats. Le rayon invité est une nouvelle fois dépeuplé mais les quelques présents Yasiin Bey, Black Thought (The Roots), Killer Mike (Run The Jewels) ou Anderson.Paak ne viennent pas remplir l’étagère des superflus et donne une zébrure supplémentaire à Bandana.

La copie rendue par MadGibbs s’est densifiée depuis leur premier essai avec une organisation rigoureuse du canevas inhérent à la narration de ce second opus,  des changements de rythmes communs (Freddie Gibbs oubliant par moment sa rudesse habituelle) qui apportent symbiose et une fusion artistique plus prégnante. Le tout donne corps à un album majeur de l’année 2019 qui nous fait regretter, même si l’on sera bien accompagné par une Piñata et un Bandana, de devoir attendre le troisième trident madgibbsonien.