La plage 3 de leur album Father, Son, Holy Ghost s’appelait Die. Ce n’était à l’époque pas un signe de quoi que ce soit. Et ça ne l’est sans doute pas plus aujourd’hui. La moitié du groupe de San Francisco Girls, groupe séparé depuis sept ou huit ans maintenant, est morte. Il ne s’agit pas de son chanteur et porte-étendard bouclé et trobogosse, Christopher Owens, mais de son homme de l’ombre et compositeur hors pair, Chet JR White.
Dire qu’on avait suivi sa trace depuis que Owens avait refermé, brutalement et sans grand ménagement pour son compère, l’histoire de ce groupe aux deux albums impeccables serait mentir mais on savait que White avait eu du mal à rebondir. Tandis qu’Owens se dépatouillait avec une sévère addiction avant de ressurgir en solo tel un Dorian Gray… blond, Chet White encaissait mal le coup et reprenait cahin-caha son activité de producteur et d’ingénieur du son. Il avait ainsi croisé la route des hype DIIV pour des sessions qui avaient ensuite été trashées et qu’on n’entendrait pas. Sans doute pensait-on, ce qui s’avérerait tristement exact, que son heure de gloire s’était refermée avec la dissolution de ce groupe à la discographie expresse mais qui avait, au tournant des années 2010, permis au rock américain de renouer avec son histoire. Girls avait en effet en deux albums (le premier Album, surtout) réussit à mêler habilement le folk, une tradition de rock psychédélique, voire bûcheronne et punk hardcore à un esprit aérien inspiré des Beach Boys et du rock californien.
Sacré bazar, la musique de Girls était une musique de synthèse et de fusion qui proposait ainsi un bon compromis contemporain à tout ce qu’on avait pu entendre avant et après. Pas vraiment révolutionnaires mais néanmoins précieuses et quasi uniques, les compositions du groupe avaient pu faire croire un temps à un art de la synthèse aussi bien maîtrisé que chez Sonic Youth. Le tempérament de Owens et finalement le peu d’attachement qui restait entre les deux hommes en auront décidé autrement. Girls restera, en plus d’un super nom de groupe, une parenthèse dans l’histoire d’un rock renaissant. Une aventure un peu foirée ou du moins terminée bien trop tôt. Chet JR White avait donné quelques interviews amères en 2013 avant de réviser son jugement sur sa propre histoire.
Sa mort est triste comme une mort. On espère tout de même que White s’est bien amusé avant.
Oh, I wish I had a boyfriend
I wish I had a loving man in my life
I wish I had a father
Maybe then I would’ve turned out right
But now I’m just crazy, I’m totally mad
Yeah I’m just crazy, I’m fucked in the head
And maybe if I really tried with all of my heart
Then I could make a brand new start in love with you
Le message de Christopher Owens…
https://twitter.com/Chri55yBaby/status/1318680785386237955
Crédit photo : capture via le compte Instagram du musicien.