Grand Parc / Pull Noir
[Autoproduction]

Après un premier album tout simplement intitulé Grand Parc en 2015, les caennais reviennent avec ce nouvel EP paru le 15 mai dernier. Dans une formule resserrée autour du duo formé par Nicolas Marsanne et Annie Langlois, Grand Parc enfile son Pull Noir pour une jolie ballade électronique matinée de chanson française. A la découverte de J’ai vu la ville, choisi pour illustrer le EP avec sa vidéo collages du plus bel effet, il faut oser pousser la curiosité un peu plus loin que les premiers accords et vocalises qui laisseraient faussement penser que l’on est là face à une aimable chanson française un peu variétoche 70’s, du côté d’Yves Simon ou de Michel Delpech. Car c’est en persévérant qu’on se retrouve entrainé dans un bien étrange déraillement. Comme sous l’emprise d’une quelconque drogue psychédélique, la chanson se mue petit à petit en un étrange kaléidoscope où la voix et les claviers s’élèvent dans un tourbillon distordu.

Dorénavant, Grand Parc assume ses textes et sa francophonie. La voix de Nicolas Marsanne ondule au grès des boucles synthétiques, s’amuse des montées et redescentes avec maestria, devenant à la fois instrument à part entière et vecteur de textes où la nuit et la ville posent le décor de virées à la fois lugubres et féériques. Sous le haut parrainage d’un Michel Legrand dont on sent le duo imprégné, on n’est jamais loin d’un Pérez pour les ambiances synthétiques et le travail sur la voix (le très beau Souvenir en ouverture) ou des ambiances psyché-soniques de Yeti Lane sur le plus enlevé (le seul) Sur les toits. Mais s’il est un groupe actuel avec lequel Grand Parc peut revendiquer une parenté, une quasi fraternité donc, c’est doute d’un autre duo, grand lui aussi, Grand Veymont en l’occurrence, véritable espoir déjà confirmé avec un 3^ème album dont on reparlera bientôt ici-même.

Avec ce Pull Noir, Grand Parc prend petit à petit sa place dans le paysage musical français. Le duo, en s’approchant d’une formule qui semble mieux lui correspondre, parvient aussi à se créer un véritable univers musical plutôt personnel et attachant que renforcent les promesses de la nuit. Ne restera plus qu’à les tenir.