Ils ne sont pas si fréquents que ça les disques qui nous collent un grand sourire aux lèvres pendant trois-quarts d’heure. A cet égard, le second album de Happyness est remarquable : un sans faute en dix chansons hédonistes, accueillantes, chaleureuses.
Avec Weird Little Birthday publié par ses propres moyens en 2014, avant que Moshi Moshi puis Bar/None l’éditent pour l’Europe et l’Amérique, le groupe a rencontré un beau succès grâce au single It’s On Yo. Pour autant Happyness ne s’est pas laissé étourdir. Sous leurs airs de « traine savate » sympathiques, Ash Cooper, Benji Compston et Jonny Allan ont les pieds sur terre – et un sacré talent. Le trio précise d’ailleurs malicieusement que Write In a été enregistré par ses propres soins, dans une ancienne librairie qu’il a transformée en studio. Coût de l’opération : £500 dont une partie pour acheter un… déshumidificateur. Un bon placement pour Moshi Moshi qui va pouvoir utiliser l’imparable single Falling Down, placé ici en ouverture, auprès de tous les amateurs de pop à guitares à la coule. Exception faite de The Reel Starts Again [Man As Ostrich] qui – sur un air bancal et avec une touche de slide – essaie de chasser sur les terres de Alex Calder et autres Ariel Pink, tout l’album s’écoute en dodelinant de la tête du réveil au coucher, en voiture comme dans le salon. Les mélodies sont généreuses et affables. Avec un chant doucereux et une rythmique souple, Happyness séduit avec un shoegaze typiquement ricain sur Anytime (remember Amusement Parks Of Fire ?), ajoute une inflexion krautrock comme Woods ou Real Estate au détour de Uptrend / Style Raids et construit une superbe ballade autour d’un motif hypnotique (Victor Lazarro’s Heart). Les plus anciens se délecteront de The C Is A B A G, bon comme du Pavement qui ferait une reprise de Long Fin Killie avec le bédo aux lèvres.
Ce qui épate chez Happyness, c’est ce sens malicieux de la composition : les anglais laissent souvent se déployer des parties instrumentales généreuses au cœur même des chansons pour mieux revenir sur le refrain ou un couplet qui fait mouche.
En citant pour références Roxy Music, The Beach Boys, Randy Newman, Sonic Youth et Big Star, on comprend que Happyness se pose comme les petits frères de Teenage Fanclub. Et ça tombe à pic puisque le groupe britannique jouit actuellement d’un bel engouement revivaliste. On souhaite donc aux petits nouveaux une carrière aussi prolixe et ensoleillée.